Virtuality 2023 : Web3, Métavers, XR, ce qu’on en a retenu !

Introduction

Le salon Virtuality 2023, à Paris, a réuni plusieurs acteurs clés de l'industrie pour discuter des dernières tendances et innovations dans les domaines du Web décentralisé (Web3), de l'AR/VR/XR et du Métavers. Cette année, le Métavers était au cœur de nombreux débats et discussions. Comme nous l’attendions, le terme Métavers a été utilisé à plusieurs reprises pour décrire des concepts totalement différents, allant du web décentralisé aux mondes virtuels immersifs. Mais qu'entendons nous par Métavers aujourd’hui ?

Le Métavers est un terme relativement nouveau qui a gagné en popularité ces dernières années. Il décrit un monde virtuel en 3D qui permet à des utilisateurs de s'immerger dans un environnement numérique partagé, d'interagir et de vivre des expériences sociales et ludiques. Ce terme peut également être utilisé pour décrire des espaces de réalité mixte, où la réalité physique et la réalité numérique se mêlent pour créer une expérience unique. Cependant, il est important de noter que les concepts de Métavers et du Web3 sont distincts, qui se réfèrent à la prochaine évolution d'Internet où la blockchain, la crypto-monnaie et d'autres technologies sont utilisées pour créer des applications décentralisées (dApps).

Ainsi, le Web3 peut se montrer complémentaire du Métavers, en apportant la décentralisation des données, la sécurisation des systèmes de paiement via les cryptomonnaies, et la traçabilité des création numériques (NFT) dans les mondes numériques. Orientant ainsi, l’économie des mondes virtuels vers une économie des créateurs.

Aujourd’hui, le terme “Métavers” est utilisé à des fins marketing, et peut parfois être associé à des usages des solutions immersives (3D, AR, VR, …) sans interaction et sans communauté. Ce n’est pas cette définition que nous utiliserons ici.

Pour en savoir plus sur les concepts sous-jacents du Métavers, nous vous conseillons de jeter un œil à notre article “A la découverte du Métavers”.

Au cours de Virtuality, il est devenu évident que le Métavers a progressé depuis sa simple définition de monde virtuel pour devenir une plateforme plus complexe et mature, offrant des cas d'utilisation pratiques et des applications commerciales viables. Les discussions ont porté notamment sur la façon dont le Métavers peut être utilisé dans les cas suivants:

  • former des employés,

  • renforcer la cohésion d'équipe et la collaboration,

  • créer de nouveaux modèles commerciaux,

  • communiquer et financer des projets à impacts (environnement, durabilité, inclusion et diversité).

L’industrie semble prendre une part importante des sujets. De plus, il y avait une vraie volonté à vouloir démocratiser ces technologies, et rendre leurs utilisations faciles d’accès.

Une autre tendance plutôt importante observée lors de Virtuality était l'accent mis sur la durabilité. Les entreprises montrent un intérêt croissant pour la création d'espaces virtuels et de blockchains plus respectueuses de l'environnement, avec des initiatives visant à limiter leur consommation d'énergie ou des projets éco-concernés. Pendant le salon, Jacques-André Fines Schlumberger de l'association Blockchain for Good à abordé l'utilisation des NFTs pour financer des projets ayant une démarche écologique, tels que la reforestation, la protection des terrains, mais également des projets de sensibilisation à l’écologie, pour la protection des abeilles, par exemple. Toutefois les coûts (environnementaux) de mise en place de ces blockchains face aux gains restent largement discutables.

Dans la suite de cet article, nous allons discuter de ces différentes utilisations, de leurs utilités et enfin nous donnerons un avis sur ce que nous pensons de ces avancées.

Les cas d’usage

Ces nouvelles technologies suscitent beaucoup d'intérêt, que cela soit dans un cadre d’utilisation personnelle comme professionnelle. Cependant, certains usages ne sont pas encore très clair pour le grand public, ce qui peut amener certaines entreprises à se questionner sur comment intégrer ces nouvelles technologies à leurs projets pour “se mettre à la page”. Parfois même sans besoin défini, plus par Fear Of Missing Out (abrégé en français par "peur de louper quelque chose", c’est un phénomène psychologique qui se caractérise par la peur de manquer une opportunité). Le groupe Meta dans leur conférence insistait sur le fait que chaque entreprise a une nécessité vis à vis du Métavers, cependant, le cas d’usage qui rendra mainstream le Métavers n’existe pas encore puisque cette technologie n’en est qu’à ses prémices.

Est-ce que le Métavers deviendra indispensable d’ici une dizaine d’années ? Difficile de pouvoir répondre sans prendre des pincettes avec une technologie aussi récente et ayant encore beaucoup de frictions. Seul le temps nous donnera une réponse, mais une chose est sûre : cet engouement n’est pas anodin. Après une première phase de précipitation et de spéculation, les investisseurs sont intéressés par les usages pertinents et pérennes.

Penchons nous dès à présent sur des utilisations concrètes de ces innovations, qui nous ont été présentées lors du salon.

Domaine du Marketing et de la Loyalty 3.0

Le Loyalty 3.0 est un concept découlant du Web3, portant sur la fidélisation et l'engagement des consommateurs, qui est de plus en plus utilisé dans le domaine du marketing. Il s'agit de développer une relation durable et profitable avec les clients en leur offrant une expérience personnalisée et en répondant à leurs besoins. Cette stratégie vise à inciter les clients à rester fidèles à une marque ou à un produit en renforçant leur sentiment d'appartenance à une communauté.

Comme nous l’a appris Karen Jouve de chez Doors3 dans sa prise de parole Libérer le potentiel du Web3 et du Métavers pour les entreprises, plusieurs grandes marques ont adopté cette approche, telles que Nike ou Starbucks. Elles ont développé des programmes de fidélité permettant aux clients de bénéficier d'avantages exclusifs et de récompenses.

On peut également citer Carrefour avec leurs NFTs “NFBees dont bem.builders nous ont parlé. L’idée derrière l’achat de ces NFTs disponibles sur The Sandbox est de rémunérer les apiculteurs afin de préserver les abeilles. En contrepartie, les possesseurs du NFT reçoivent du miel produit par la ruche. Cette solution permet à l'entreprise de renforcer sa position sur le marché en offrant un service à valeur ajoutée pour les consommateurs.

Cependant, cette pratique peut être discutable car elle pourrait s’apparenter à du Green Washing derrière une démarche marketing… Si l’on veut adopter une approche respectueuse de l'environnement, est-ce vraiment la meilleure manière d’aider les apiculteurs ?

En ce qui concerne la sensibilisation des jeunes par la gamification, il s'agit d'une approche intéressante pour engager les jeunes consommateurs et leur apprendre des comportements responsables dès leur plus jeune âge (N.B. : Sur les plateformes, les plus utilisées aujourd'hui, Roblox, The SandBox, etc. la moyenne d'âge des utilisateurs est de 13 ans). Les jeux et les applications gamifiées peuvent être conçus pour encourager des pratiques durables, comme la réduction des déchets, la consommation responsable ou encore la préservation de l'environnement. Or, il convient de rester vigilant quant à l'utilisation de cette technique. En effet, les entreprises peuvent utiliser la gamification pour dissimuler des pratiques non durables ou pour promouvoir des produits qui ne sont pas véritablement respectueux de l'environnement. De plus, les jeunes consommateurs peuvent être influencés par les techniques de gamification et être incités à acheter des produits qu'ils n'auraient pas achetés autrement.

Domaine de la finance / Financement de projet

EthicHub et Sun Exchange sont deux plateformes portant sur le financement de projets qui nous ont été introduites par Jacques-André Fines Schlumberger lors de son talk sur comment le Web3 peut avoir un impact positif écologiquement et énergétiquement parlant. EthicHub propose une solution qui permet de soutenir l'agriculture éthique, en assurant la traçabilité et une juste rétribution des petits producteurs sans intermédiaires. Sun Exchange quant à elle, permet d'investir dans des projets d'énergie solaire (cellules photovoltaïques) à travers le monde en utilisant la technologie blockchain pour garantir une transparence et une sécurité des transactions.

Ces deux plateformes sont des exemples concrets de l'application de la technologie pour des projets socialement responsables et durables. Elles permettent de soutenir des projets à impact positif tout en offrant des opportunités d'investissement intéressantes.

Domaine de l'Éducation / Formation

Le premier domaine d’utilisation de ces technologies est celui destiné à la formation. L’idée ici est de passer par le Métavers pour former des personnes sur des compétences précises. À l’image de BUGA! qui tenait un stand ainsi qu’une conférence (FutureOfWork : renforcez l'engagement de vos équipes grâce au métavers ! par Jean-Rémi Mergui) ou encore celle d’Antilogy (Pourquoi et comment former ses collaborateurs au métavers ? par Bertrand Wolff), il peut être cohérent d'utiliser le Métavers afin d’organiser des séminaires. Ce ne sont pas les seuls à utiliser cette technologie dans ce sens, plusieurs entreprises l'utilisent également dans une démarche similaire. Nous pouvons citer la SNCF qui utilise le Métavers pour former ses top managers à la culture digitale, ou encore La Poste qui à déjà exprimé son intérêt pour des formations dites sérieuses tout comme un endroit où développer leurs team building.

Les sociétés françaises Wixar et Numix proposent des plateformes de formations immersives centrées sur l’humain et la collaboration que ce soit pour des formations soft-skills (gestion des conflits, entretien, …) ou hard-skills (sécurité, gestes métiers…)

Nous avons plongé dans la plateforme Intraverse de Inetum qui permet de créer en Low-Code des Métavers d’entreprise dans lesquels il est possible de réaliser son Onboarding RH, se former, collaborer avec des collègues ou encore faire un atelier de conception. La particularité de Intraverse est qu’il est basé sur des composants Open source et souverain, ce qui devrait plaire aux grands groupes Français ou Européens.

Ces espaces virtuels s’avèrent particulièrement utiles au sein d'entreprises internationales pour créer des moments de partage malgré la distance. Par exemple :

  • Accenture pour l’intégration des nouveaux collaborateurs, propose des séminaires et rencontres rencontre dans un monde virtuel afin de créer du lien et de retrouver les modes de communication parasocial. Cet environnement a notamment été utilisé pendant le confinement lié au COVID 19 pour pallier à l’isolement et au travail en distanciel :

https://www.youtube.com/watch?v=taRdfhRO9lY

  • Inetum propose à chacun de ses services de créer son espace ultra customisé au sein du même monde virtuel avec une solution plutôt élaborée pouvant même gérer les accès du personnel en fonction du lieu. Ces lieux servent à la fois pour des réunions professionnelles sérieuses et pour des pauses cafés plus fun (accrobranche...) . Seule l’imagination est la limite aux expériences proposées.

L’utilisation majoritaire qui nous a été présentée est industrielle. Elle est en lien avec le domaine de la formation mais tire son utilité dans les tâches à produire. Comme présenté dans la conférence Digital twins of real industrial systems for training par Véronique Favier, l’idée ici est d'utiliser le Métavers dans le but de former des personnes à utiliser des outils et des machines complexes, sans y être confronté directement. Ce genre de simulation peut être utilisé pour simuler le comportement et les performances de l'objet ou du système en question, en utilisant des données en temps réel pour suivre son état et son évolution. Cela a l’avantage de ne pas devoir être exposé directement aux potentiels dangers que certaines machines ou produits peuvent induire.

De plus, un autre intérêt du point de vue des entreprises est celui économique : Avoir un jumeau numérique d’une machine évite de devoir dépenser de l’argent ou monopoliser des machines uniquement pour former du personnel. Pour finir, cela possède également l'avantage de pouvoir former plusieurs personnes en même temps, ce qui évite la limitation vis-à-vis du nombre de machines réelles disponible. Cette méthode possède donc une qualité écologique sous-jacente : celle de limiter le besoin matériel pour la formation.

Remote Assist : L’assistance à distance et la collaboration sont
des cas d’usages à forte valeur ajoutée pour le secteur de l’industrie

Ce domaine est au coeur de la stratégie des constructeurs de casques. Lenovo et ses lunettes ThinkReality ou Microsoft avec HoloLens misent sur le collaboratif pour la formation et l’assistance en temps réel avec notamment des solutions comme Guides, Remote Assist intégré à Teams ou encore Harbor de l’entreprise malouine Synergiz.

Domaine du Divertissement

Un domaine beaucoup prisé par les particuliers est celui du loisir. Ce qu’on appelle Métavers selon notre définition peut retrancher ce que nous connaissons des jeux vidéo. Certains jeux comme Roblox ou Fortnite s’auto-proclame Métavers tandis que d’autres ne se considèrent pas tel quel mais s’y apparentent (tel que VRChat). Il est majoritairement utilisé par un jeune public… Mais pas que ! Il est aussi consommé par tout type de population, notamment pour l’aspect culturel, comme des visites de musées interactives (ce que propose le musée d’histoire naturelle de Londres par exemple).

Bien entendu, cette numérisation de la culture entraîne l’Etat à investir dans cette technologie car elle peut être vue sous forme de Soft Power comme cela a été expliqué le vendredi matin lors de la conférence ce papier). C’est d’ailleurs le cas de la Corée du sud qui a débloqué de gros budgets à cette fin.

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Cependant, l’appropriation de cette technologie par l’Etat peut entraîner plusieurs questionnements : Comment réguler ces endroits virtuels selon certaines lois ? Quand est-il de l’identification des utilisateurs dans de tels environnements ? Quid de la protection des données personnelles s'il n’y a plus de frontières ?

Domaine de la Certification / Authentification

Dans un environnement virtuel où les interactions sont dématérialisées, il peut être difficile de savoir avec certitude qui se trouve derrière un avatar ou une identité numérique. Des solutions de certification et d’authentification peuvent donc être mises en place pour garantir l’identité des utilisateurs ou encore assurer la sécurité de tout type de transactions / d’échanges. Cela peut être particulièrement important dans des domaines comme la finance, la politique ou de manière plus générale, les sujets plutôt sensibles à l’identité de la personne derrière l'appareil (dès que la légitimité de la personne est mise en jeu finalement, tels que des signatures de papiers importants etc.).

Hasheur lors de sa prise de parole

Des technologies telles que la blockchain peuvent garantir l’authenticité des transactions ou encore l’utilisation de NFT pour la gestion d’identités numériques. Toutefois, cela soulève également des questions de confidentialité et de protection des données personnelles (RGPD), qui doivent être prises en compte dans la conception et la mise en œuvre de ces solutions.

Une remarque pertinente que souleva Owen Simonin (Hasheur) lors d’une question posée à ce sujet durant sa prise de parole, était que cette solution est certe innovante, a des avantages pour se justifier aux vu des personnes, mais n’a réellement d'intérêt seulement si elle est démocratisée. Si cette méthode n'est pas démocratisée, l'identification n’aura que très peu de sens au vue de la majorité. Quel est l'intérêt d’avoir une clef s’il n’y a pas de porte à ouvrir ? Il n’y en a pas. Seul le temps pourra donner raison à une telle technologie, et pourra même potentiellement être adapté à des cas d’utilisation de la vie réelle, comme par exemple le vote électronique.

Conclusion

En conclusion, le salon Virtuality 2023 a mis en lumière l'importance croissante du Métavers dans l'industrie et a souligné les nombreuses possibilités offertes par cette technologie en matière de collaboration, de formation, de communication et de financement de projets écologiques. Cependant, il est important de noter que les usages du Métavers ne sont pas encore très clairs pour le grand public et que cette technologie est encore en phase de développement. Les entreprises doivent donc être prudentes dans l'adoption du Métavers et définir clairement leur besoin avant de se lancer. Enfin, il est essentiel de prendre en compte les coûts environnementaux liés à la mise en place de cette technologie et de travailler à la création d'espaces virtuels et de blockchains plus respectueux de l'environnement.

L’avis d’Etienne

Beaucoup de ces technologies présentées ne sont pas encore connues du grand public car elles n’ont pas encore trouvé un usage assez pertinent pour certaines, d’autres n’ont pas encore été démocratisées. Certaines utilités sont discutables, or Virtuality a su piquer la curiosité des gens en nous faisant bien comprendre qu’il se passe des choses malgré ce moment de calme pour le Web3. C’est maintenant que les technologies de demain sont testées. Seul le temps donnera raison aux innovations trouvant une utilité concrète et véritablement bénéfique.

L’avis de Sandrine

Les dernières tendances sur les usages du Métavers: Le Web3 prend de plus en plus de place dans les discours sur le Métavers. Décentralisé, communautaire et immersif, le terme a le mérite d'être plus accessible aux acteurs du retail et du luxe. Il a aussi beaucoup été question d'éthique et d'éco-responsabilité. Une note optimiste sur un secteur qui en apparence est loin de ces préoccupations.

L’avis de Vincent

La hype Métavers, qui était montée en flèche fin 2021, redescend enfin. Les entreprises peuvent enfin se concentrer sur leurs vrais besoins et évaluer pragmatiquement si le Métavers et ses technologies leur apportent un gain réel. Nous voyons se confirmer les tendances de l’Augmented Worker (technicien équipé de réalité augmentée) et la formation immersive avec notamment le besoin de plateformes Low-Code/No-Code et de contenus sur étagère pour faciliter leur déploiement en entreprise.

L’avis de Jasmine

L’année passé les conférences s’articulaient beaucoup autour de la définition des termes “métavers” et “web3”. Cette année on a davantage de cas concrets d’utilisations de ces technologies. Avec dans certaines conférences, un regard attentif sur la partie éthique et écologique qui rassure pour la pérennité et l’adoption du métavers pour les particuliers et pour les entreprises (notamment autour de la formation, de l’onboarding et du connected worker).

Merci d'avoir lu cet article, si vous avez des questions ou des remarques, n'hésitez pas à mettre un commentaire sous cet article ou à nous contacter.

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