“Si je n’agis pas sur la diversité et l’inclusion, ça ne sert à rien” : interview de Marion Daeldyck, lauréate Rôle Modèle LGBTQIA+

Marion Daeldyck nommée "Rôle Model LGBTQIA+ Leader"

Début octobre, Marion Daeldyck a été récompensée lors de la cérémonie Rôles Modèles LGBT+ et Alliés, organisée par L’autre Cercle, dans la catégorie “Rôle Modèle LGBT+ Leaders”. Cette cérémonie, qui a lieu tous les ans depuis 2019, met en valeur les personnes qui se sont distinguées en faveur de l’inclusion des personnes LGBTQIA+ en entreprise.

Dans cette interview, elle revient sur cette soirée particulière, mais aussi sur ses engagements qui ont guidé sa carrière professionnelle.

Peux-tu te présenter ?

Je m'appelle Marion Daeldyck et je suis designer chez OCTO depuis trois ans. Mon expertise couvre plusieurs domaines, dont deux en particulier qui sont le design responsable (design inclusif, accessibilité, l'éco-conception et le RGPD) et la user-research. Au cours de mon parcours chez OCTO, j'ai approfondi mes connaissances en accessibilité, en conformité avec le RGPD, et aussi en design inclusif. Dès mon arrivée chez OCTO, j'ai intégré l'atelier Product & Design ainsi qu'un groupe de travail axé sur la diversité et l'inclusion. Pour être honnête, c’était l’une des conditions pour que j’entre dans l’entreprise. En dehors d'Octo, je m'investis dans des associations LGBTQIA+. Une des raisons qui m'ont poussé à rejoindre Octo était son engagement envers la diversité et l'inclusion dans la tech. Je crois profondément que le design reflète une partie de la culture d'une société, ainsi que ses bouleversements, que ce soit au niveau sociétal comme environnemental. Lorsque j'ai intégré OCTO, de nombreuses initiatives étaient déjà en cours en matière de numérique responsable. Pour moi, agir est essentiel, et si je n’agis pas, ça ne sert à rien.

Ça représente quoi pour toi d'être "Rôles Modèles LGBTQIA+ Leader" ?

Le titre de "Rôles Modèles LGBTQIA+ Leader" revêt une signification profonde. Je n'avais pas anticipé cette reconnaissance, je pensais même que c’était trop tôt. Mais après avoir discuté de la question autour de moi, on m'a assuré que c'était mérité, alors j’ai accepté. Pour devenir Rôles Modèles LGBTQIA+ Leader, il y a un tout un processus. Tout a commencé lorsque des collègues m’ont désignée. Ensuite, j’ai été confrontée au choix d'accepter ou de refuser cette candidature. Étant donné que je l’ai finalement acceptée, j’ai dû présenter mon parcours professionnel et personnel, en mettant en lumière ce qui fait de moi une militante ou non, ainsi que mes engagements. Lorsque l'on accepte de candidater pour être rôle modèle, on candidate dans une catégorie : Leader (employés) LGBT+ ou allié·e·s, et Dirigeant·e LGBT+ ou allié·e·s. Cette année, il y a eu 100 lauréats toutes catégories confondues. A l'issue de l'envoi de la candidature, un vote a lieu pour chaque catégorie. Les personnes qui obtiennent le plus de voix ou qui font l'objet d'un arbitrage sont ainsi nommées dans les catégories qu'elles se sont assignées. Ce prix me donne un réel sentiment de fierté et une responsabilité en matière de diversité et d'inclusion. Désormais, j'ai le sentiment que je dois être le porte-parole de cette cause, car depuis, j'ai été invitée à animer des conférences. Je ressens l'obligation d'être exemplaire. Et ça colle avec mon objectif, qui est d'impliquer le plus grand nombre possible de personnes, de promouvoir davantage de modèles, de favoriser un design inclusif et de sensibiliser un public plus large au numérique.

Mais je veux aussi souligner que l'on n'a pas besoin d'être un rôle modèle pour contribuer au progrès de l'entreprise. Chez OCTO, de nombreuses personnes œuvrent au quotidien sans avoir encore eu l’opportunité d’être récompensées. Je tiens à les saluer.

Pourquoi c'est important pour toi d'aborder ces sujets en entreprise ?

Comme beaucoup, j'ai été victime de harcèlement à l'école. J'ai eu la chance de fréquenter une école privée et de bénéficier d'un niveau d'éducation élevé. Pendant cette période, je me suis appuyée sur des études pour me défendre, ça m’a aidé à prendre conscience que je n'étais pas seule dans cette situation. Lorsque je me faisais embêter, je présentais des faits concrets pour me protéger. Être ouverte a toujours été essentiel à mes yeux. Je suis convaincue que c'est un sujet qui devrait être abordé ouvertement, car cela contribue au bien-être général. Il m'a toujours semblé crucial d'être authentique et transparente. J’ai toujours pensé que si une personne se trouvait dans la même situation que moi, elle pourrait se sentir moins seule en voyant quelqu'un assumer son identité. Le fait d'être “OUT” est un sujet qui favorise un environnement sain. Je crois qu'il est essentiel que les individus se sentent libres d'être authentiques au travail, car dissimuler son identité peut notamment avoir un impact négatif sur sa productivité, sa charge mentale au quotidien, ainsi que son moral. Malheureusement, de nombreuses personnes ne se sentent toujours pas à l'aise d'être ouvertement elles-mêmes en milieu professionnel.

Je considère donc qu’il est crucial de discuter de ce sujet en entreprise, car cela ne concerne pas uniquement l'entreprise elle-même, mais aussi l'environnement social qui l'entoure.

Quelle est l'initiative qui t'a le plus marquée ?

J'en ai plusieurs qui me viennent à l'esprit... La signature de la Charte de l'Autre Cercle, de la Charte de la Diversité plus récemment, la page Confluence créée sur la parentalité, l'organisation de tables rondes, toutes ces initiatives ont retenu mon attention.

Plus largement, ce qui me touche, c'est la volonté de donner la parole aux militants, même si OCTO reconnaît qu'il y a encore des progrès à faire dans ce domaine. L'invitation d'associations et de militants, ainsi que la possibilité pour les Octos de s'exprimer, ont des retombées toujours positives. Cela favorise le partage d'expériences, et je trouve réjouissant de constater qu'il y a des initiatives presque chaque mois, voire chaque semaine.