School Of Product 2023 - Anne-Sophie PIERRE : L'innovation frugale

L’innovation frugale

La définition : “L'innovation frugale est une démarche consistant à répondre à un besoin de la manière la plus simple et efficace possible en utilisant un minimum de moyens.”

Son parcours

Anne-Sophie PIERRE est référente innovation frugale chez Decathlon. Son rôle implique la réflexion sur la conception de produits en adoptant une approche frugale, mettant particulièrement l'accent sur l'utilisation de technologies simples et peu coûteuses (low-tech).

Origines & sens

Anne-Sophie nous interpelle directement en nous disant qu’il y a de nouveaux continents constitués de déchets plastiques qui s’agglomèrent et circulent dans les océans. 80 000 tonnes de déchets plastiques avec 75% atteignant environ 5 centimètres.

Au-delà de nos budgets : sur notre pouvoir d’achat, ainsi l’extraction des matières premières qui sont de plus en plus chères. Nous sommes également au-delà de nos limites avec les 7 limites planétaires.

Certaines entreprises s’adaptent vis-à-vie de cela :

• Consommer “responsable” : Yuka, Vinted
• Moins “d’emballages”
• Sensibilisation : Flight Shaming -9% des vols domestiques en Suède

Faire mieux avec moins, pour plus de personnes. Telle est le sens de cette innovation frugale.

Anne-Sophie nous explique la différence avec le mot “Jugaad” et “Frugal”. Le mot “Jugaad” est en quelque sorte la maquette d’une solution frugale. Elle nous donne une référence d’un livre “Les Principes Fondamentaux” écrit par Navi Radjou qui explique qu’il y a 6 principes, et 2 crises majeures à régler : sociale et écologique. Sur ces 6 principes, il y en a un majeur qui est de “régénérer” : les personnes, les lieux et la planète.

• Comment être “utile” en tant qu’individu ?
• Comment apporter de l’utilité autour de moi, dans un contexte qui m’est propre (dans mon pays, dans ma ville, dans mon entreprise, …) ?
• Mettre ses talents au service des autres. Ne pas être “autocentré”, mais comme il dit, être “autre-centré”.

Les leviers

Le premier levier parle du “réel besoin”.

Avant toute chose, quand on doit démarrer quelque chose, c’est de questionner “le besoin”. Anne-Sophie nous passe le spot publicitaire d’un produit nommé “Juicero” une startup de la Silicon Valley, qui permet d’écraser des sachets fermés de légumes frais, au prix de 699$. Le premier Ministre Indien en voyant cette vidéo, trouvait cela absurde et invitait justement à répondre plutôt à des problématiques réelles et utiles en Inde. Une vidéo réalisée par l'agence Bloomberg démontre l'inutilité de la machine à jus de fruits.

Le second levier est celui du “Dé” :

• Dé-carbonner
• Dé-sophistiquer : concevoir l’essentiel & robuste
• Dé-multiplier : mutualiser
• Dé-complexifier : réparable, résilience, nouvelles connaissances
• Di-minuer : les déchets 100% utile

Le troisième levier, le “hacking positif” :

• Ne pas recréer de nouvelles ressources, ne pas partir d’une page blanche.
• Qu’est-ce qui existe déjà, abondant et quasi-gratuit que je pourrais détourner ?
• Un savoir-faire d’une personne

Elle cite comme exemple, Ikea Hackers, qui présente des produits qui peuvent avoir plusieurs usages. Un autre exemple, qui provient de Corentin de Chatelperron. Il construit le petit voilier Tara Tari, premier bateau à intégrer du jute, pour démontrer le potentiel du jute. Cela améliore la rigidité du bateau.

Exemples de solutions

Anne-Sophie est basée actuellement dans les Alpes, elle est axée sur la recherche pour les sports de montagnes chez Décathlon. Elle nous a présenté un besoin qui était d’obtenir une solution de cuisson sans gaz pour les campeurs, un accessoire assez utile en montagnes. Ce réchaud à bois MH500 a demandé 16 prototypes pour obtenir la version finale, avec son lot de tests échoués. Cela paraît simple à réaliser, mais c’était super compliqué techniquement. En 10 ans, la lowtech Innovation frugale est née en majeure partie des ONG, avec des urgences, et des pays qui en avaient besoin. Il ne faut pas recréer de nouvelles ressources, il faut utiliser les ressources existantes en les détournant de leur usage initial.

Anne-Sophie nous cite quelques exemples, comme :

• Dans le concours Lépine : dans la catégorie de l’assise frugale, la solution d’une personne était d’avoir une ceinture en tissu qui se met autour du dos et des jambes, et en s’asseyant par terre cela maintient correctement le dos. La personne s’était inspirée des bergers roumains.
• En Colombie : avoir un rendez-vous pour dépister le cancer du sein est très long. Pour cela, ils ont formé des femmes aveugles pour utiliser leur talent grâce à la “palpation” qu’elles ont perfectionné grâce à leur handicap. Ca ne remplacera jamais une mammographie mais cela est toujours mieux que rien.

Conclusion

Avec une note de MacGyver et sa boîte à outils contenant un chewing-gum et un bout de ficelle, il peut construire un pont et réparer des pneus.

Une belle image pour rappeler qu’il faut savoir rester simple, répondre à un besoin avec un minimum de choses.