guide du concepteur » mais trop succinct.
En résumé, deux ressources, l’une dépassée bien que toujours en vigueur, l’autre maintenue à jour, légalement obligatoire mais trop ardue, qui sont consécutivement délaissées, méconnues, voire oubliées.
Ce manque de ressources conduit les développeurs et développeuses de services publics, puis les designers à leur suite, à chercher l’inspiration ailleurs. Parmi les références habituelles :
Tant et si bien que l’équipe de conception du GDS a fêté son 7e anniversaire en publiant son Design System en juin 2018 : Introducing the GOV.UK Design System. Constitué de styles, de composants et de templates accessibles, celui-ci s’enrichit des contributions provenant des différents ministères. Cette initiative pionnière a inspiré d’autres design systems d’État à travers le monde, dont ceux de l’Australie, de la Finlande, du Canada…
Qu'est-ce donc qu'un design system ? Bien plus complet qu’une traditionnelle charte graphique, un design system rassemble les documents et références utiles aux designers comme aux développeurs décrivant le design depuis les éléments atomiques (couleurs, polices, boutons…) jusqu’aux modèles de pages (layouts, templates), en passant par les modules et composants. Il s’accompagne aussi d’explications sur le pourquoi et le comment (guidelines, do-don’t…).
Le GDS britannique a donné l’exemple et depuis peu d’autres design systems d’État sont publiés, qui fournissent un cadre et un ensemble d’outils pour aider les concepteurs et les développeurs à créer plus facilement des produits et des services gouvernementaux de meilleure qualité. Ils garantissent une expérience cohérente à tous les usagers et usagères et ces design systems d’État se distinguent, pour ce faire, par leur respect de la norme internationale d’accessibilité (WCAG). Tous ont en commun d’être open source, cela va sans dire, et disponibles sur GitHub.
Designers Italia :
En 2016, l’Italie a créé une équipe de transformation numérique dirigée par un ancien cadre supérieur d’Apple et d’Amazon qui relève du Premier ministre. Celle-ci met à disposition toute une panoplie d’outils et de conseils pour les concepteurs et les développeurs, dont un UI kit et un Web development kit décliné en Bootstrap, Angular, React…
Australian Government Design System :
Depuis longtemps engagée dans une démarche de design centrée usager, l’Australie vient de publier son design system, riche de 24 composants accessibles et autres fonctionnalités prédéfinies, avec explications sur le comportement attendu de chacun lors d’un usage avec des lecteurs d’écran et autres technologies d’assistance.
United States Web Design System :
Le U.S. Web Design System facilite la création de sites web gouvernementaux rapides, accessibles et adaptés aux appareils mobiles. Modulaire et évolutive, cette bibliothèque de code, d’outils et de conseils est utilisée par plus de 200 sites fédéraux. Sa dernière version (USWDS 2.0), nouvellement publiée en avril, rassemble palettes de couleurs accessibles, composants, modèles de page et même Public Sans, la police de caractères créée spécialement pour le gouvernement des États-Unis.
Vous en voulez encore ? Cette page recense d’autres design systems publics à travers le monde : Governement Design System.
Fort de son expérience pionnière, le GDS britannique a contribué à la création d’une communauté internationale de designers œuvrant au sein des services d’État. Celle-ci s’est réunie pour la première fois à Londres en juillet 2018 : 240 participants de 26 pays ont partagé leurs travaux, ce qui promet une collaboration et des échanges internationaux accrus entre les designers de services publics, à suivre sur gov-design.com.
*« Le futur de la transformation publique est un meilleur design » — Lou Downe
Affiche de la dernière rencontre GovDesign, San Francisco, mai 2019.*
Par la création de cette communauté et la publication de plusieurs design systems, l'année 2018 marque un tournant dans l’histoire du design institutionnel. Nous assistons en effet à une révolution du design de service public, qui progresse en trois vagues successives : d’abord expérimentation de conception centrée utilisateur, puis établissement de standards sous forme de design system et enfin ouverture à la collaboration internationale.
Comme le montrent les exemples précédents, l’élaboration d’un design system suppose une démarche plus globale et préalable de conception centrée utilisateur (UX design) incluant l’accessibilité (WCAG/RGAA). Vivant et évolutif, il se nourrit aussi des contributions des autres services.
En France, l’État s’ouvre à l’UX design avec le programme « Designers d’intérêt général », lancé en avril dernier, suite à l’émergence d’une communauté UX transverse initiée par la DINSIC fin 2018. Parallèlement, au sein des différents services et incubateurs d’État, des initiatives émergent çà et là : boîte à outils Comment Faire, 10 principes d'une démarche exemplaire, bibliothèque Scampi, template data.gouv.fr, Social Gouv Bootstrap…
En attendant, pour la conception de produits et services institutionnels, on utilise pragmatiquement :
L'arrivée nouvelle de designers dans les administrations publiques va favoriser l'adoption d'une démarche de conception des services publics répondant mieux aux besoins des usagers et usagères. D'autres initiatives et publications devraient en découler, qui permettront de compléter l'approche normative, qui motivait seule les référentiels antérieurs, par l'outillage en amont des équipes et ainsi combler progressivement les manques actuels, avant de prendre la forme, peut-être, à terme, d'un design system, à l'instar des exemples sus-cités.