Cette recommandation pose les bases d’un cadre standardisé pour représenter des informations d’identification de manière :
Le Verifiable Credentials Data Model repose sur une structure claire et normalisée, où chaque acteur joue un rôle précis dans le cycle de vie des attestations. Avant de les présenter, voici quelques concepts fondamentaux :
Exemples : une société, un service public, un corps étatique, une université, etc.
Exemples : un étudiant, un diplômé, un employé, etc.
Exemples : un nom, une date de naissance, un niveau d’étude, un rôle, un intitulé de certification, etc.
Le système repose sur l'interaction de trois rôles essentiels :
Exemple : une université qui délivre un diplôme à un étudiant.
Exemple : un étudiant qui souhaite récupérer son diplôme.
Exemple : une entreprise qui souhaite vérifier le niveau d’étude d’un candidat.
Dans le modèle défini par le W3C, un verifiable credential (ou attestation vérifiable) est une attestation numérique émise par un émetteur à propos d’un ou plusieurs sujets. Elle regroupe un ensemble d’affirmations, c’est-à-dire des déclarations portant sur des attributs (par exemple : nom, date de naissance, niveau d’étude, statut professionnel, etc.)
Comparable à un justificatif physique (par exemple : une carte d’identité, un permis de conduire, etc.), cette attestation contient trois éléments clés :
Ces informations sont sécurisées par une signature cryptographique, garantissant à la fois leur intégrité (elles n’ont pas été modifiées) et leur authenticité (elles proviennent bien de l’émetteur déclaré). Une fois en possession du credential, le détenteur peut le présenter à un vérificateur pour prouver certaines caractéristiques, sans nécessairement tout divulguer.
Ces attestations sont stockées dans des applications mobiles dédiées (portefeuilles d’identité numériques), qui permettent au détenteur de gérer facilement ce qu’il souhaite partager et avec qui.
Dès sa première version, la spécification du Verifiable Credentials Data Model, accorde une place centrale à la confidentialité des données concernant l’utilisateur. Deux mécanismes techniques permettent de limiter la quantité d’informations partagées lors d’une vérification : la divulgation sélective et les preuves à divulgation nulle de connaissance (Zero-Knowledge Proofs).
La divulgation sélective permet au détenteur d’un credential de ne révéler que certaines informations spécifiques contenues dans une attestation. Elle est particulièrement utile pour éviter de sur-partager des données personnelles.
Exemple : Imaginons que vous présentiez votre carte d’identité pour prouver votre date de naissance. Cette carte contient aussi votre nom, prénom, adresse, taille, ville de naissance, etc. Avec une attestation vérifiable, vous pouvez ne révéler que votre date de naissance, sans montrer les autres champs.
Ce mécanisme est rendu possible grâce à l’usage de signatures numériques dites “dissociables”, comme les signatures BBS+, qui permettent de valider une partie seulement du contenu d’un credential, tout en conservant son intégrité et sa validité.
Les preuves à divulgation nulle de connaissance permettent de prouver une information sans révéler l’information sous-jacente.
Exemple : Imaginons maintenant que vous devez prouver que vous avez plus de 18 ans. Votre attestation vérifiable regroupant les informations présentes sur votre carte d’identité, contient également une affirmation “je suis majeur”. En partageant uniquement cette affirmation, vous pouvez prouver que vous avez plus de 18 ans, sans révéler votre date de naissance, ni même votre âge exact.
Ces techniques permettent un niveau de confidentialité bien supérieur aux approches traditionnelles, en limitant considérablement l’exposition de données personnelles.
La spécification ne prescrit pas un mode unique de stockage des credentials, recommande des bonnes pratiques favorisant la confidentialité, comme :
Par ailleurs, le W3C encourage les vérificateurs à ne demander que les données strictement nécessaires à une transaction. Cette approche :
Le Verifiable Credentials Data Model présente plusieurs atouts majeurs :
Malgré ses avantages, le modèle comporte aussi plusieurs limites importantes :
Dans la pratique, l’expression verifiable credentials (attestations vérifiables) est utilisée pour désigner plusieurs réalités différentes :
La Commission européenne, à travers le règlement eIDAS 2, s’efforce de clarifier et normaliser ces notions dans un cadre juridique contraignant, applicable à l’ensemble des États membres.
Les attestations électroniques d’attributs définies dans la version révisée du règlement eIDAS partagent de nombreux points communs avec le Verifiable Credentials Data Model du W3C, notamment :
Le principal défi au sein de l’Union européenne consiste à faire converger deux approches complémentaires :
L’objectif commun est de construire une identité numérique européenne qui soit à la fois :
Merci à Sandrine Belin, Bastien Mourrat et Alexandre Vogt pour leur relecture.