Quatrième composante de la Communication NonViolente (CNV) : DEMANDER CE QUI CONTRIBUE À NOTRE BIEN-ÊTRE
Cette quatrième étape consiste à demander aux autres (en étant sincèrement conscient de l’objectif qui la motive car notre intention n’est pas de changer les autres et leurs comportements pour qu’ils se plient à notre volonté) ce que nous voudrions pour que notre vie soit plus conforme à nos desiderata.
Lorsque nos besoins ne sont pas satisfaits, immédiatement après avoir exprimé nos observations (sans évaluations), sentiments et désirs, nous formulons une demande spécifique : nous demandons des actes concrets et clairs susceptibles d’assouvir nos besoins.
Dans l’expression même de notre demande, il est important d’employer un langage positif. Il est plus facile pour le cerveau humain de comprendre l’action associée à “ce que nous voulons” que celle associée à “ce que nous ne voulons pas” (un effort supplémentaire est nécessaire avec un risque d’interpréter ce que veut réellement autrui). Qui plus est les demandes négatives risquent de provoquer une réaction de résistance. Le langage imprécis peut lui aussi semer la confusion chez notre interlocuteur.
Pour s’assurer que le message a été reçu par notre interlocuteur, nous pouvons lui demander de le restituer. L’objectif n’est pas de tester sa capacité d’écoute mais de vérifier que nous nous sommes clairement exprimés. Par exemple :
Professeur
“Michel, je me suis inquiété hier soir en consultant mon carnet de notes. Je voudrais être sûr que tu es conscient qu’il me manque quelques-uns de tes travaux écrits. Veux-tu passer dans mon bureau après la classe ?”
Michel
“Ouai ça va, je sais…”
Le professeur ne sachant pas si son message a été correctement reçu, il demande à Michel un retour.
Professeur
“Pourrais-tu me dire ce que tu as entendu ?”
Michel
“Vous avez dit que je ne pourrai pas aller au foot après les cours parce que mon devoir ne vous a pas plu.”
Comme il l’avait suspecté, Michel n’a pas saisi ce qu’il voulait dire. Il s’efforça de reformuler en prêtant attention aux mots. Il aurait pu répondre “Ce n’est pas ce que j’ai dit” par exemple et Michel aurait eu l’impression de se faire gronder.
Professeur
“Je te remercie Michel de m’avoir dit ce que tu as entendu. Je constate que je ne me suis pas exprimé aussi clairement que je l’aurais voulu, je vais donc réessayer.”
Pour garder un lien empathique avec notre interlocuteur, il est important de le remercier lorsqu’il s’efforce de restituer votre message.
Dans l’exemple ci-dessus, Michel a joué le jeu. Il aurait tout aussi bien pu répondre :
Michel
“C’est bon j’ai entendu ce que vous m’avez dit, je ne suis pas sourd !”
Face à cette réponse le professeur peut choisir d’être attentif aux sentiments et besoins de Michel en lui manifestant de l’empathie.
Professeur
“Veux-tu dire que tu es contrarié parce que tu veux que l’on respecte ta capacité à comprendre les choses ?”
Nous n’avons pas pour habitude de demander aux autres de nous dire ce qu’ils ont compris car nous avons peur de nous heurter à des réactions négatives. Cependant, plus nous nous assurons que notre interlocuteur a compris notre demande, plus nous augmentons nos chances qu’il réponde positivement.
Il peut aussi arriver que notre demande soit perçue comme une exigence. Pour savoir si nous formulons une demande ou une exigence, seule la réaction de notre interlocuteur nous le dira. S’il entend une exigence, il ne verra que deux possibilités : la soumission ou la révolte.
Par exemple :
André
“Je me sens seul et j’aimerais que tu passes la soirée avec moi.”
Mathilde
_“André, je suis très fatiguée. Si tu as vraiment besoin de compagnie, pourquoi ne demandes-tu pas à un ami de p_asser la soirée avec toi ?”
André
“Ça c’est toi tout craché ! Quelle égoïste tu fais !”
La demande d’André était en fait une exigence. Au lieu de lui manifester de l’empathie pour son besoin de repos, il l’a critiquée. André aurait pu lui répondre :
André
“Tu es fatiguée et tu as besoin de te reposer un peu ce soir, c’est cela ?”
Par ces mots, André aurait montré qu’il reconnaissait et respecté les besoins et les sentiments de Mathilde : nous aurions compris qu’il s’agissait bien d’une demande.
Choisir de demander plutôt que d’exiger ne signifie pas qu’il nous faille baisser les bras à un refus, mais implique que nous ne tenterons pas de persuader l’autre avant d’avoir écouté avec empathie ce qui l’empêche de répondre favorablement à notre demande.