OLAP est mort, vive …

Derrière cette accroche un peu provocatrice se cache un constat doux-amer pour une technologie que certaines personnes n’hésitent plus à qualifier aujourd’hui de « legacy »

 

Mais commençons par le début : le pourquoi de l’OLAP (Online Analytical Processing)

Issu des années 90, OLAP et pour être plus précis son implémentation sous forme de cube, est une réponse du système d’information décisionnel proposant d’adresser, entre autres, 2 enjeux des systèmes décisionnels coté  restitution :

– les performances : c’est bien beau d’avoir des centaines de millions d’enregistrements dans mon datawarehouse, encore faut-il pouvoir les interroger…

– l’accessibilité des informations à des non-informaticiens : si je suis allergique aux SQL et aux L4G, je fais comment pour accéder à mes données…

Sur l’enjeu de la performance, les cubes de type M-OLAP ou H-OLAP (pour les acronymes : c’est ici) permettent de répondre à cette problématique car ces solutions stockent une partie ou la totalité des résultats susceptibles d’être demandés par les utilisateurs.

Concernant l’accessibilité, qui n’est pas tombé amoureux des fonctionnalités de drill-down/drill-up avec un simple clic quand il a été confronté  à son premier cube (je me souviens encore avec nostalgie de mon premier cube SAS…)

 

Mais qu’en est-il de ces enjeux aujourd’hui?

Ces enjeux n’ont finalement pas pris une ride, mais alors pourquoi ce titre tapageur? Eh bien principalement pour deux raisons :

1. le cube OLAP n’est plus la seule alternative permettant de couvrir les enjeux de performance et d’accessibilité.

Sur la performance, nous retrouvons dans le désordre et plus généralement combinés : les appliances et les architectures MPP (Massively Parallel Processing), de nouvelles typologies de SGBD (le vectoriel, dites associatives ou centrées sur la valeur, NOSql…), de nouveaux matériels (disques SSD) ou approches (in memory) qui proposent des alternatives plus que crédibles à un cube physique et redonnent aujourd’hui ses lettres de noblesse au R-OLAP voir à d’autres types de représentation.

Concernant l’accessibilité, les interfaces des solutions OLAP ont de toute façon été très vite abandonnées au profit de solutions BI classiques ou d’Excel via tout une gamme d’API.

2. Les avantages des cubes OLAP ne priment plus sur ses handicaps. Sans revenir sur des faiblesses originelles qui ont été plus ou moins bien comblées depuis (fraîcheur des données, interfaces utilisateurs…), il demeure un point qui condamne le plus souvent les solutions de cube OLAP par rapport à d’autres approches : la flexibilité.

Eh oui, la création d’un cube nécessite la maîtrise des informations de types dimension ou indicateur le composant. Ainsi, si on souhaite côté utilisateur rajouter des indicateurs ou des dimensions à la volée, le cube OLAP est tout de suite moins serein mais certains peuvent encore s’en sortir (utilisation de fonctionnalités ad-hoc et de recherche contextuelle couplées aux cubes notamment). Mais quand il s’agit de créer un cube sur un besoin non maîtrisé ou nécessitant des explorations sur des périmètres très mobiles avec une bonne partie de données dites locales, alors là on est sur un projet OLAP destiné à partir dans le mur.

 

Alors quoi un cube OLAP c’est « has been »?

Disons que nous avons affaire à une technologie mature, voire légèrement en déclin caractérisée par ailleurs ces derniers temps, par un nombre d’innovations bien moindres que sur les autres composants d’une chaîne décisionnelle (outils d’intégration, le stockage, les autres types d’outils de restitution).

Aujourd’hui, tous les grands éditeurs de BI proposent leur cube, donc autant l’utiliser lorsque cela fait sens. Cependant des annonces comme celle de Microsoft concernant SSAS (plus d’infos ici) n’encouragent pas forcément vers un investissement tous azimuts sur ce type de solution.

Et pour conclure :

Je propose de compléter mon titre provocateur : « OLAP est mort » du moins l’emploi de cube OLAP dans le décisionnel est aujourd’hui plus restreint, et « vive… »malheureusement ou heureusement pour les architectes, il n’existe pas une solution miracle mais plutôt une offre de service décisionnelle diversifiée à construire. Cette offre est aujourd’hui nécessaire, au détriment de la rationalisation,  afin d’adresser de façon efficiente les différents besoins portés par les projets décisionnels en pleine diversification (propre à la démocratisation du décisionnel vers d’autres populations d’utilisateurs et à la réduction de la frontière entre le décisionnel et l’opérationnel).

4 commentaires sur “OLAP est mort, vive …”

  • Bonjour, Tout d'abord merci pour votre article. Il présente au moins l'avantage de faire réagir. Je suis à 10 000 lieux de partager votre opinion quant à une mort future des technologies OLAP. Au delà de l'aspect strictement dimensionnel il faut noter que l'OLAP a principalement pour but de simplifier le modèle de données des systèmes opérationnels. Il est vrai que tout au long de leur vie les systèmes opérationnels pour des soucis de performances vont chercher à doubler l'information, allant jusqu'à dupliquer les tables des bases de données. On finit par avoir un vrai mélimélo. L'OLAP cherche à apporter un modèle intuitif du point de vue de l'utilisateur final. Si bien que j'ai envi de dire que dès lors qu'il y a une couche d'abstraction aux données construite pour simplifier l'accès à l'information et son interrogation par des utilisateurs finaux, pour moi il s'agirait d'OLAP. Aussi, je ne suis pas sûr que l'on puisse dire que la frontière diminue entre opérationnel et décisionnel. En disant ça on nie le fait que le système d'information des entreprises continue à demeurer éclaté et étéroclyte. Or, il sera toujours utile de rapprocher les éléments d'applications distinctes, de les interroger. Dans la démocratisation du décisionnel, il faut surtout remercier l'Open Source pour deux choses : * Il a apporté des solutions supportées par des éditeurs identifiés à un coût vraiment moindre (cf étude du Gatner / Benefits and Perils of Buying Into the MegavendorStack de Rita Sallam / Avril 2010); * Il a poussé les éditeurs historiques à revoir leur grille tarifaire. Enfin, il est à noter que là où de nombreux éditeurs de solution de gestion s'appuyaient sur des environnements du type Business Objects précédemment, ils préfèrent désormais exploiter une suite Open Source pour offrir les fonctionnalités décisionnelles à leurs clients.
  • Bonjour, je suis tout à fait d'accord avec vous sur l'OLAP et ce qu'il apporte sur la simplification du modèle de données vue par les utilisateurs. Aujourd'hui ce type de représentation est ce que nous rencontrons le plus chez nos clients. C'est sur l'utilisation de cube multidimensionnel physique que je suis beaucoup plus septique et sur lequel porte véritablement cet article. Concernant la frontière opérationnel/décisionnel, ça fait quelques années que j'observe une ouverture, que cela soit en terme de pattern d'architecture (MDM, qualité de données, ETL et intégration) ou sur les données (notamment dans des contextes CRM où la frontière est finalement très floue) même s'il est vrai que la frontière reste tenace dans de nombreuses organisations. Enfin concernant l'Open Source, je vous rejoins complètement sur le fait que cela constitue finalement le facteur numéro 1 de démocratisation du décisionnel aujourd'hui.
  • Oui ! Effectivement je conçois bien l'idée que vous émettez quant au cube modélisé physiquement. Justement, peu de gens aujourd'hui parlent de solution telle que Teiid de Red Hat qui permet de faire de la virtualisation de base données. Et il y a encore moins de gens à parler de la Business Intelligence en temps réel avec des solutions comme SqlStream, qui agrège directement la donnée périodiquement et sur une fenêtre de temps indiquée... Quand bien même les cubes en mémoire ont bien progressé, il faut avouer que les systèmes maison (legacy) n'ont pas toujours la base de données idéalement modélisée pour une interrogation performante... Du coup, les cubes physiques existeront encore un temps. Maintenant je veux bien croire que les éditeurs, ayant pris conscience que toute application doit offrir une interface pour interroger intuitivement les données, travaillent à fournir nativement un environnement où une couche d'abstraction métier fidèle aux objets manipulés par les utilisateurs finaux est prête à l'emploi. Et même si chaque application arrive avec son environnement décisionnel, les entreprises ont toujours le besoin de rapprocher à un moment ou l'autre l'information qu'elles ont ici et là. Les technologies comme Teiid, méritent à être connues mais la plupart d'entre nous maîtrisent bien plus largement les bases de données que leurs pendants "virtuelles".
  • Nous sommes en 2018 et cette collection d'avis semble toujours aussi hasardeuse. OLAP reste tout à fait actuel et semble même susciter un intérêt croissant de la part des entreprises soucieuses de maîtriser leurs activités grâce à l'analyse de leurs données. Bien sûr, OLAP n'a jamais non plus clamé être la solution universelle, et les solutions "custom" trouveront toujours leurs cas d'application. A l'ère du prêt-à-porter, le sur-mesure existe encore, se vend encore, et bien hasardeuse serait l'annonce de sa "mort".
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