Mois des fiertés @ OCTO : retour sur l'édition 2023 du pridemonth

Si en 2023, l’acceptation des personnes LGBTQIA+ dans la société semble, du moins au regard du grand public, une question en grande partie réglée, leur inclusion est encore un sujet dont la sphère professionnelle se saisit timidement.

Contrairement à d’autres enjeux liés à la diversité en entreprise, notamment l’égalité femmes-hommes ou les handicaps, l’inclusion des personnes LGBTQIA+ est souvent perçue, au mieux, comme un “non-sujet” dans l’organisation, quand elle n’est pas reléguée au second plan (comprendre politiquement incorrect). Ce “choix” peut s'expliquer par deux principaux facteurs :

  • les différentes avancées des droits des personnes LGBTQIA+ des deux dernières décennies, combinées à une représentativité plus importante dans les domaines médiatiques et culturels, tendent à alimenter le sentiment que ce n’est plus un sujet aujourd’hui.
  • la considération que la question LGBTQIA+ appartient au domaine de la vie privée et n’a donc pas sa place dans l’environnement professionnel.

Lors de nos premières communications sur les réseaux « professionnels », à l’occasion du mois des fiertés - célébré dans le monde en juin en commémoration des émeutes de Stonewall____, pierre angulaire des luttes LGBTQIA+ - voici les arguments auxquels nous nous sommes heurté·es :

"Toutes les choses qui relèvent de la sphère privée […] ne doivent pas entrer en collision avec le fonctionnement d'une entreprise."

"On peut trouver que ce n'est pas la mission d'une entreprise […] de s'occuper de l'identité sexuelle de ses salariés et d'en faire la promotion."

"Je trouve que le mois des fiertés n'a rien à faire dans une entreprise. Les lois contre la discrimination doivent être appliquées. Cela devrait suffire !"

"Un salarié est une ressource, une ressource humaine, fondamentale et qui participe au fonctionnement de l'entreprise en fabriquant des produits ou en délivrant des services. À ce titre, un salarié n'amène ni ses convictions sociétales, politiques, religieuses, ni ses problèmes personnels réels ou fantasmés".

“L’orientation sexuelle ou la religion des salariés ne faisaient pas partie des sujets dont l’entreprise devait se préoccuper et c’était très bien ainsi.”

Ces idées sont loin d’être si rares et témoignent à la fois d’une vision biaisée de la question LGBTQIA+, réduisant le sujet à la simple dimension de la sexualité et donc de la sphère privée, mais également, d’une méconnaissance totale des réalités socio-culturelles auxquelles font face les personnes LGBTQIA+. Elles sont l’illustration d’une conception de l’entreprise qui prône une imperméabilité totale entre vie privée et vie professionnelle que nous ne considérons ni possible, ni souhaitable.

Au-delà de l'égalité de traitement et des chances, l’inclusion est aussi un enjeu de business

Chez OCTO nous partageons une autre vision. Celle que l’entreprise doit être un environnement au sein duquel chaque personne peut performer et s’épanouir professionnellement, et ce, quelle que soit son identité de genre et son attirance romantique/sexuelle. Nous cultivons la diversité, synonyme pour nous de croisements des regards et expériences, de booster d’innovation et d’enrichissement individuel et collectif.

Nous avons une chance : nous manipulons une matière, la technologie, dont nous savons tous·tes pertinemment qu’elle peut être dangereuse si mal utilisée, qu’elle peut renforcer les biais et schémas d’oppression systémique. Nous savons donc aussi à quel point il est important que les équipes qui la manipulent au quotidien soient diversifiées, inclusives et sensibilisées à ces enjeux. Et garantir cela, c’est exactement là qu’est la responsabilité de l’entreprise.

Une autre particularité liée à nos métiers, c’est la difficulté à attirer et fidéliser des talents très recherchés. Pourquoi rejoindre une entreprise et risquer de s’exposer aux préjugés alors qu’on peut se permettre de travailler en freelance et de choisir ses interlocuteurs en limitant les prises de risque ? Donner la garantie d’une safe place à chacun·e, en allant bien au-delà du minimum légal requis (c’est-à-dire se contenter de sanctionner les discriminations), est un véritable atout concurrentiel. Nous avons conscience que pour atteindre cet objectif et garantir un environnement inclusif, il est nécessaire de nous former et d’informer, d’une part pour mieux aborder le contexte socioculturel dans lequel OCTO évolue et d’autre part pour sensibiliser chaque Octo ainsi que notre écosystème sur nos engagements.

C’est pourquoi, en accord avec notre crédo “There is a better way!”, dans la continuité des actions menées les deux dernières années, nous avons choisi de passer la vitesse supérieure en 2023 ! Comme chaque fois, nous partageons nos actions et expérimentations pour qu’elles puissent servir à d’autres, tout comme nous nous nourrissons de celles d’autres organisations inspirantes.

Affirmer notre engagement, en faisant du chantier “LGBTQIA+ & Allies” l’un des axes prioritaires de la Gouvernance Diversité & Inclusion @ OCTO

Category is: LGBTQIA+ Ally realness

Le why

Si en 2021 nous avons sondé les Octos sur la question “être LGBTQIA+ en entreprise”, nous sommes engagés en 2022 en signant la Charte de l’Autre Cercle, en 2023 nous avons fait le choix de structurer pour mieux accélérer. Cette volonté se traduit par l’affirmation du chantier concernant l’inclusion des LGBTQIA+ chez OCTO comme l’un des axes prioritaires de notre nouvelle Gouvernance D&I.

L'objectif

Faire évoluer le cadre d’OCTO (accueil et parcours d’une personne trans, d’une personne non-binaire,…) porter nos convictions en interne (accompagnement des managers et équipes, campagne de sensibilisation) et à l’externe tout en oeuvrant selon une approche intersectionnelle.

L'impact

Un engagement fort avec Nathalie AVRAMESCO (DRH et Partner OCTO) en tant que sponsor, Mathieu MOISANT (Senior Manager Business Developer) en tant que Lead et Jérôme PUIGRENIER (Chargé de marketing digital) en tant que membre de la Communauté de Pratiques Diversité & Inclusion. Des points de pilotage réguliers pour identifier les actions prioritaires, activer les leviers pour bouger les lignes et mesurer leurs impacts.

Le mot de Mathieu, lead LGBTQIA+ & Allies

"L'évidence c'est que l'entreprise doit être un socle stable où chacun·e peut exprimer pleinement son identité et bénéficier de ce que l'entreprise offre avec équité. J'ai donc décidé de mettre mes compétences et de mon temps au service de ce sujet au sein d'OCTO en levant la main pour coordonner le domaine LGBTQIA+ & Alliés au sein de la gouvernance Diversités et Inclusion OCTO. Travailler l'inclusion des personnes LGBTQIA+ ça n'est pas, selon moi, travailler en premier lieu sur le plan d'inclusion de ces Octos, mais c'est plutôt de travailler avec l'ensemble des Octos, depuis la direction jusqu'aux Octos qui onboardent. C'est un peu tarte à la crème mais c'est l'affaire de tous·tes, et celles et ceux qui représentent la majorité ne sont pas exempté·es, bien au contraire. Il est nécessaire de donner de la connaissance à tous·tes les Octos, car la connaissance c'est l'arme secrète contre la crainte."

Fresque représentant l'évolution du chantier concernant l'inclusion des personnes LGBTQIA+ chez OCTO de 2019 à 2023, ainsi que les principales actions déployées.

Questionner la vision classique du genre pour mieux comprendre et adresser les populations LGBTQIA+

Category is: Let's have a kiki!

Le why

Lorsqu’il est question du genre en entreprise, la question se limite généralement au schéma binaire femme-homme. Pour autant, le gender spectrum (ou spectre de genre), couvre une vision beaucoup plus large et inclusive aujourd’hui, constituée d’une pluralité d’identités et expressions de genre. C’est de ce constat qu’est né, “Let’s talk about gender!”. Un atelier ludo-pédagogique imaginé par Marion DAELDYCK (Product Designer) et Jérôme PUIGRENIER, dont la première session s’est jouée le 17 mai dernier, à l’occasion de l’IDAHOBIT 2023 (Journée Internationale de lutte contre L’Homophobie, la Lesbophobie, la Biphobie et la Transphobie).

L'objectif

Apporter un éclairage sur l’histoire du genre sur les plans sociologiques, philosophiques, neuro-philosophiques et légaux et interroger nos biais de perception et de représentation pour mieux comprendre et adresser les populations LGBTQIA+.

L'impact

Une cinquantaine de personnes (RH, Managers, Équipe Communication, Consultant·es) sensibilisées lors de 3 ateliers. Des références, ressources et éléments de langage pour aller plus loin dans la réflexion et la compréhension. Un éclairage sur les concepts d’identité de genre, expression de genre, genre assigné à la naissance et attirance via le Genderbread Person de Sam Killermann (et cerise sur le gâteau c’est opensource).

La vision essentialiste du genre et ses limites. A gauche, conception classique restreignant le genre au sexe biologique. A droite, conception classique de l'orientation sexuelle figée sur le rapport femme et homme. La résultante de ces deux éléments, une vision hétéronormative qui écarte la question de la transidentité et véhicule des stéréotypes de genre.

Identité de genre : comment je me perçois intérieurement. Expression de genre : comment j'exprime mon moi au monde ? Attirance : mon rapport intime à l'autre, sur le plan romantique et sur le plan physique. Sexe biologique (ou genre assigné à la naissance) : mes caractéristiques chromosomiques, anatomiques et hormonales.

Comprendre les impacts sociaux des algorithmes et de l’intelligence artificielle sur les populations LGBTQIA+

Category is: What tech has to do with it?

Le why

Dans notre volonté à tendre vers un numérique plus responsable, éthique et respectueux, nous ne pouvons ignorer les impacts négatifs que les produits data peuvent avoir sur des minorités, ceci afin d’éviter les pièges et biais systémiques embarqués dans les modèles de Machine Learning. Pour aborder cette question, Amaranta LOPÈZ (Doctorante-salariée en philosophie féministe chez OCTO) a apporté son éclairage sur les impacts sociaux qu’une IA mal entraînée peut avoir sur des populations dites minoritaires.

L'objectif

Intégrer le concept d’intersectionnalité pour concevoir des IA exemptes de biais embarqués et qui ne contribuent pas à renforcer les schémas d’oppression systémique. Prendre en compte ces enjeux dans nos pratiques de ML Engineering pour contribuer à un numérique plus vertueux et éviter les dérives.

L'impact

Une quinzaine de personnes réunies pour ce BBL sur la pause du midi Les échanges ont été très nombreux sur le chat en direct ainsi que lors du temps de questions réponses qui a soulevé des réactions très vives (“c’est flippant”, “elles ne sont pas que micro ces agressions”, “cela favorise la montée des extrêmes”…) A lire sur OCTO Talks, l’interview d’Amaranta LOPÈZ par Marion CHATELIN (Product Designer). Un sujet qui fait écho à la question “What does technology want?”, à laquelle Christian FAURÉ (Directeur Scientifique et Managing Partner) apportait ses éléments de réponse lors de l’USI 2021.

Censure et lutte contre le harcèlement en ligne. L'IA peut renforcer la censure des populations LGBTQIA+ en ligne Une modération automatisée peut renforcer cette censure car elle ne prend pas assez le contexte en compte. Les modèles comportent des stéréotypes, biais et insultes.

Exemples de dérives de l'IA en matière de vie privée des LGBTQIA+ Al gaydar : reconnaissance faciale censée déterminer l'orientation sexuelle Rainbow marketing : dérive économique basée sur les données comportementales en ligne L'outing ou coming out non consenti.

Challenger le rapport sphère professionnelle et sphère privée aux côtés d’associations

Category is: Life is so short, there's no time to waste it!

Le why

Si toutes les actions mises en place durant ce mois des fiertés 2023 ont eu un impact à leur niveau et fait bouger les lignes, elles ne répondaient pas pour autant à cette interrogation sur l'argument récurrent des détracteurs concernant la scission vie privée - vie professionnelle. En effet, la vie privée occupe déjà une place de choix dans l’entreprise avec des discussions quotidiennes à la machine à café, lors des pauses déjeuner ou tout simplement le fait de passer 8h par jour aux côtés d’autres personnes. Dès lors, pourquoi certains sujets seraient légitimes, et d’autres non, à être discutés au sein de l’entreprise ? Pour y voir plus clair, nous avons convié l’association SIDA Info Service, représentée par Macha et Alexis, ainsi que Le Couvent de Paris des Soeurs de la Perpétuelle Indulgence, représenté par Soeur Cybèle et Soeur Maria-Sophia, à venir témoigner lors d’une table ronde animée par Alexandra CAUSSARD (Content and Social Media Manager) sur le thème “L’entreprise peut-elle et doit-elle prendre en compte la sphère privée ?”.

L'objectif

Comprendre via un REX de deux associations de terrain les facteurs de censure et d’oppression auxquels sont soumis les populations LGBTQIA+ en entreprise. S’interroger sur la charge mentale que cette scission vie pro/vie perso fait peser sur les collaborateur·rices LGBTQIA+. Imaginer ensemble comment l’entreprise peut se saisir de ces enjeux et sur quels leviers elle peut s’appuyer pour cultiver un environnement respectueux de l’identité de genre et de l’orientation sexuelle/romantique de chacun·e.

L'impact

_“Un grand merci et un immense Big Up à toutes les personnes qui ont mis cet event sur pieds ! J'ai passé un moment très instructif et qui m'a réellement permis d'avancer dans la compréhension du sujet.”

“En repartant hier soir, j'étais tellement fière d'être dans une boîte ouverte et dans laquelle chacun.e peut être soi-même. Un grand merci à SIS et aux Sœurs qui sont venus échanger sur ce sujet si important“

“Ça n'a pas de prix.. être soi-même, quelle que soit sa différence, sa singularité et son vécu….”

“On ne peut pas faire une scission entre pro et privé ; on embarque ses préoccupations partout.”_

Table ronde sur le thème : L’entreprise peut-elle et doit-elle prendre en compte la sphère privée ?Avec l'intervention des associations SIDA Info Service et Les Soeurs de la Perpétuelle Indulgence.

 gauche : Soeur Maria Sophia et Soeur Cybèle du Couvent de Paris des Soeurs de la Perpétuelle Indulgence. A droite : Alexis et Macha de l'association SIDA Info service.

Informer, former et toujours partager la connaissance

Category is: Not a phase!

En parallèle de ces différents événements, nous avons également :

  • Renforcé notre rapprochement avec l’équipe LGBT Ally France d’Accenture, en participant à la session de sensibilisation sur la bisexualité/pansexualité à laquelle l’association Bi’Cause venait témoigner

  • Constitué et diffusé un lexique LGBTQIA+ interne pour aider les Octos à s’approprier les bons éléments de langage

  • Habillé l’espace OCTO s’engage, 1 de nos lieux de vie des Octos au 34, avec un affichage dédié au mois des fiertés mettant à l’honneur des témoignages d’Octos, des tips sur la posture d’allié et un focus sur les différentes identités et expressions de genre.

Table ronde : L’entreprise peut-elle et doit-elle prendre en compte la sphère privée ?

Parce qu’ OCTO se construit avec les Octos

Merci aux Octos qui ont contribué de près et de loin à faire de cette édition 2023 du mois des fiertés chez OCTO une grande réussite : Nathalie AVRAMESCO, Mathieu MOISANT, Inès BEN HASSINE, Marion DAELDYCK, Marion CHATELIN, Mélissa VIGOGNE, Charlotte ABDELNOUR, Alexandra CAUSSARD, Charlotte PETITBON, Amaranta LOPÈZ et tous·tes les Octos qui ont participé aux différents événements.

Stay tuned, car nous vous l’annoncions en intro, en 2023 on passe la vitesse supérieure.

Groupe d'Octos aux côtés des associations invitées à venir témoigner lors de notre table ronde. L’entreprise peut-elle et doit-elle prendre en compte la sphère privée ?