Bilan carbone façon OCTO : l’exploration continue et ça secoue !

Nous l’avions évoqué dans un précédent article, nous pouvons enfin le partager avec vous : le bilan carbone d'OCTO a été publié sur le site de l'ADEME (l'Agence de la transition écologique). Cet article a pour but de vous raconter cette aventure, nos apprentissages, nos prises de conscience, et tout ce qu’il reste à faire. Prêt pour les secousses ?

C’est parti.

Le bilan carbone d’OCTO est publié sur le site de l’Ademe. Nous avons pris comme année de référence 2019, et le calcul s’est fait de façon itérative entre avril et août 2020. Le périmètre que nous avons choisi est le plus large possible, notre but n’était pas de minimiser notre part de responsabilité, mais d’explorer l’ensemble des leviers d’actions que nous pouvons avoir en tant qu’entreprise. C’est ce qui fait que le résultat brut est difficilement comparable d’une entreprise à l’autre, car il faut regarder quel périmètre recouvrent les chiffres.

Si vous manquez de temps pour lire dès maintenant ce riche et long article, jetez un œil à la table des matières et aux résultats ci-dessous, pour vous donner l’envie d’y revenir plus tard.

La table des matières

  • Mettons les pieds dans le plat
  • Le bilan carbone pour les nuls
  • Pourquoi et comment nous l’avons fait
  • Les 4 pièges à éviter
  • Résultats et apprentissages
    1. L’impact carbone des missions d’OCTO : le premier poste d’émissions
    2. Les m2 émettent bien plus que nos joujoux numériques
    3. Scope 1 et 2 = 3% du total
    4. L’avion sans surprise doit être réduit
    5. Nos multiples initiatives 2019 / 2020 plafonnent à 2% de réduction
  • Les grandes secousses commencent maintenant
  • La mise en mouvement de tout OCTO et au-delà

Le résultat en une image (voir note 1 en fin d'article)

Représentation visuelle par grandes catégories de la répartition du bilan carbone d'OCTO sous forme de 9 images pour chaque grande catégorie. Avec plus de détails (voir note 2 en fin d'article)

Répartition visuelle du bilan carbone d'OCTO sous forme d'histogramme.

Nous avons réalisé le calcul du bilan carbone d’OCTO dans le but de factualiser nos émissions totales et de pouvoir nous mettre sérieusement en ordre de marche par rapport aux ambitions mondiales de réduction. Ce qui semble émerger en France et en Europe, au moins sur le terrain des discours et des ambitions, c’est une division par deux des émissions d’ici 2030 et une neutralité carbone en 2050. La Chine semble se lancer sur un chemin similaire, le Japon également, et les EU devraient suivre. Pour transformer les discours en résultats, il faut maintenant des engagements et des actions, de la part des particuliers, des États et des entreprises.

Après vous avoir présenté le résultat, revenons un peu en arrière !

Mettons les pieds dans le plat

En préambule, notre intention n’est pas de :

  • Faire de la comptabilité carbone l’alpha et l'oméga de la responsabilité environnementale. Réduire nos pollutions plastiques, nos consommations d’eau ou de ressources abiotiques, lutter contre la souffrance animal, préserver la biodiversité, sont autant de responsabilités toutes aussi importantes,
  • Prôner un bilan carbone neutre pour OCTO. La neutralité exigera de la compensation (qui est plus complexe que de simplement planter des arbres) mais nous impose de commencer par réduire nos émissions et changer nos pratiques le plus que nous le pouvons,
  • Revendiquer une totale cohérence et exemplarité d’OCTO en la matière. Nous ne sommes pas parfait·es, nous avons nos parts d’incohérences et de contradictions. Nous souhaitons les assumer et faire de mieux en mieux, bref nous améliorer : There is a better way !
  • Conclure sur la place du numérique dans un monde neutre en carbone. La réponse à cette question est probablement tout en nuances en fonction des usages et de ses implémentations, et nous serons curieux de lire vos avis en commentaires !

Le bilan carbone pour les nuls

Le bilan carbone c’est comme une comptabilité, sauf qu’on ne compte pas les flux d’€ mais les émissions de CO2e sur une période donnée (en général une année entière). Le “CO__2” est la formule chimique du dioxyde de carbone, le “e” derrière CO2 signifie “équivalent”, c’est-à-dire qu’on comptabilise les émissions de CO2, mais aussi les émissions des autres gaz à effets de serre tel que le méthane ou le protoxyde d’azote, qui sont convertis en effet de serre “CO2 équivalent” selon des travaux, normes et conventions bien établis.

L’ADEME est le garant en France du respect de ces normes, et l’Association Bilan Carbone est chargée de former à la méthode Bilan Carbone® qui fait référence en France. Les émissions sont souvent exprimées en tonnes de CO2e : tCO2e et parfois en kgCO2e.

Une comptabilité ok, mais qu’est-ce qu’on doit compter ? Qu’est-ce qu’on peut compter ou ne pas compter ?

La loi française impose à toutes les entreprises de plus de 250 employés une comptabilité carbone sur les scopes 1 et 2 :

Capture d'écran du site de l'ADEME décrivant les postes des scopes 1 et 2.

Ces 2 périmètres sont très normés, clairs, et obligatoires. Pour OCTO ils représentent environ 3% du résultat final. En premier ordre ces scopes représentent la consommation directe d’énergie dans les locaux, sites de production, véhicules de l’entreprise, un peu comme quand un particulier fait un diagnostique énergétique des biens immobiliers qu’il vend, cela ne représente pas son bilan carbone total, mais les émissions liées à sa consommation d’énergie (sous forme d’énergie fossile, d’électricité, de réseau de chaleur, de liquide des climatiseurs, etc…).

C’est quoi le reste ? C’est ce que l’entreprise veut bien compter dans ce qui ne l’a pas déjà été, ce qui est regroupé sous le terme de scope 3. A noter que ce périmètre n’est pas obligatoire et que si une entreprise le fait, elle choisit ce qu’elle inclut ou pas parmis : les déplacements domicile-travail des employés ; les achats de nourriture & boisson ; les m2 disponibles ; les déchets ; les achats de smartphones, ordinateurs, routeurs, serveurs et imprimantes ; les trajets en train et en avion relatifs au travail ; les achats de biens et services (banque, assurance, impressions, etc…) jusqu’à l’utilisation et la fin de vie des produits vendus par l’entreprise.

Pour nous, ce dernier poste a été plus coriace que les autres. L’exercice est d’estimer les émissions liées aux missions que nous réalisons pour nos clients (delivery, conseil et formation). Nous l’avons intégré dans nos calculs, ça n’a pas été simple et le résultat est à notre avis un bon ordre de grandeur minimal, mais pourrait bien être très supérieur et ouvre beaucoup de questions. Qu’importe, même si ce poste était 50 fois plus important, cela ne changerait pas la conclusion qui secoue : notre principal levier d’action pour réduire notre empreinte carbone est de changer la façon dont on conçoit et développe nos produits numériques pour nos clients pour aller vers plus de sobriété numérique.

Ce que la situation actuelle nous impose collectivement (si on veut éviter à la planète d’avoir plus de 2 degrés de fièvre en 2100) : a minima -5% d’émissions de GES par an jusqu’en 2030, puis -4% par an jusqu’à atteindre la neutralité carbone en 2050. Il faudra non seulement que chaque acteur (ménages, états, collectivités locales, entreprises) maximise et accélère sa réduction d’émission GES et aussi que l’humanité investisse dans des pratiques qui permettent de capter et stocker du carbone émis par le passé (voir la page 13 du rapport spécial du GIEC 2019 et son chapitre Caractéristiques des trajectoires des émissions mondiales).

Si vous voulez vous y mettre à titre personnel voici une plateforme pour calculer gratuitement son empreinte carbone : https://nosgestesclimat.fr/.

Pourquoi et comment nous l’avons fait

Nous pensons nécessaire de réaliser son bilan carbone pour mieux comprendre l’impact global de notre activité sur l’environnement et pour dépasser “l’effet touillette” (le nécessaire premier petit pas, totalement insuffisant à lui seul, on y revient plus tard) qui en soi est important car il constitue probablement la première prise de conscience en entreprise, du moins, c’était notre première prise de conscience, en 2018.

Depuis cette date, nous observons un engagement de plus en plus marqué de la part des Octos, et cette énergie venant du terrain résonne et rayonne à tout OCTO : le chantier de devenir une B-Corp est lancé fin 2019, nous avons pris le chemin vers la transformation d’OCTO en entreprise à mission, et notre Direction a décidé d’inscrire cet engagement précis quant au numérique responsable dans nos objectifs stratégiques de l’année.

Réaliser le bilan carbone d’OCTO est devenu une évidence : cela s’inscrit à la fois dans l’initiative de devenir une entreprise certifiée B-Corp, et dans la mise en perspective des initiatives en regard des grands postes d’émissions et des enjeux de réduction. OCTO est avant tout une entreprise d’ingénieurs qui apprécient le pilotage par la mesure.

Nous aurions pu faire faire ce bilan carbone de A à Z en s’appuyant sur des entreprises expertes que nous avons rencontrées, mais nous avons opté pour l’OCTO Way : mettre nous-même les mains dans le cambouis, pour apprendre en détail comment se fait un bilan carbone et pour pouvoir partager notre aventure et nos apprentissages. Nous avons rencontré François Laugier qui avait animé des fresques du climat pour des Octos, il souhaitait se lancer dans la réalisation de bilan carbone après ses études d’ingénieur et sa formation à l’Association Bilan Carbone. C’était l’occasion parfaite de s’appuyer sur un expert, qui allait nous faire monter en compétences, et nous permettre de faire en même temps.

À cette époque, nous nous demandions par quel périmètre commencer : OCTO dans son ensemble, ou bien uniquement l’USI ou autre ? L’envie était forte de tout faire, et en même temps nous pouvions craindre un temps de réalisation trop important. Surprise contre-intuitive : dans notre cas, il semble plus simple de réaliser le bilan carbone sur toute l’entreprise plutôt que sur une partie ! En effet, se concentrer sur une partie de l’entreprise suppose de clarifier où commence et où s’arrête cette partie, par exemple est-ce que l’ordinateur utilisé par des Octos pour la préparation d’une conférence USI doit être comptabilisé en carbone pour OCTO ou pour l’USI ? Cette première surprise nous a mis dans l’énergie de réaliser le bilan carbone le plus ambitieux possible, en particulier en incluant le fameux scope 3 (voir le chapitre bilan carbone pour les nuls).

Lors de l’atelier de définition du périmètre du scope 3 nous avons décidé de tout comptabiliser : les touillettes, les déplacements des consultants, la gestion des déchets, la fabrication et l’usage de nos smartphones et ordinateurs, etc… jusqu’à la conception, le développement et l’usage des produits numériques que nous livrons à nos clients dans une vision cycle de vie complet (et non uniquement la consommation électrique nécessaire pour faire tourner l’application). Sans savoir à l’époque que ce serait loin d’être simple !

Les 4 pièges à éviter

  1. Chercher la précision et la comparaison : il faut préférer les ordres de grandeurs et les tendances (à la baisse)
  2. Le jeu de celui qui a la plus petite est contre-productif : (exemple de l’inventaire national qui diminue versus l’empreinte carbone qui stagne, ce qui veut dire qu’au niveau mondial rien n’a changé, la France a simplement délocalisé sa production), la réduction des GES est nécessairement un jeu collaboratif mondial, dans lequel chacun a son rôle à jouer, le bilan carbone peut aider à maximiser ses leviers d’action (au lieu de minimiser “sa responsabilité”)
  3. Croire que +2° implique deux fois plus de conséquences que +1° (que nous avons déjà atteint) : l’augmentation de température a des conséquences désagréables non linéaires, c’est comme quand on a de la fièvre : +1° ça va à peu près, +2° je suis cloué au lit, +5° je suis mort.
  4. Croire que diviser par 2 nos émissions d’ici 2030 nous laisse du temps avant de commencer. Certains experts (voir note 3 en fin d'article) ont estimé que la covid en 2020 a eu pour conséquence de réduire ponctuellement (voir note 4 en fin d'article) de 5% les émissions de GES, en termes d’ordre de grandeur, c’est ce qu’il faut faire chaque année en plus de l’année précédente, soit une Covid supplémentaire par an jusqu’en 2030. Et si on attend 1 an de plus avant de commencer, ce sera -6% / an, si on attend 2 ans -10% / an, si on attend 5 ans il faudra stopper net nos activités, à priori un crash économique. Le meilleur moment pour s’y mettre sérieusement est donc hier.

Résultats et apprentissages

Les ordres de grandeurs du bilan carbone d’OCTO :

Représentation visuelle du bilan carbone d'OCTO sous forme d'aires proportionnelles aux grandes catégories.

L’impact carbone des missions d’OCTO : le premier poste d’émissions

Nous avons fait le choix d’intégrer l’impact des missions OCTO dans notre bilan carbone. OCTO a trois principales sources de chiffre d'affaires : la formation, le conseil et le delivery. En termes de ratio, le delivery (conception et développement de produits numériques) représente 70% du CA et on sait, en particulier depuis cette étude du Shift Project (complétée en 2020 par celle-ci), que les produits numériques génèrent des émissions de GES de plus en plus importantes. Pour ce premier bilan carbone nous avons décidé de  négliger les émissions liées à la formation et au conseil (surtout que les salles de formation sont dans les locaux d’OCTO donc comptabilisées dans la partie activités internes, même chose pour le conseil, dont les déplacements, les ordinateurs utilisés sont également comptabilisés dans la partie activités internes). Avec ce choix on néglige donc l’impact en termes de décisions et de comportements que génèrent nos formations et conseils, on se prive donc d’augmenter notre impact positif par des formations et des conseils qui font la promotion du numérique responsable… Pas grave : on le fera sans la mesure !

Il reste à estimer l’impact carbone des missions OCTO de delivery !

Comment faire ? Les différentes études de l’impact du numérique font toutes des constats similaires : l’empreinte carbone de la fabrication des terminaux (smartphones, ordinateurs, serveurs, etc…) est la part la plus importante de l’impact du numérique, supérieure à la consommation électrique seule de ces terminaux (même en incluant les data centers). Nous avions l’ambition de créer une calculette de l’impact carbone de la conception à l’usage d’une application numérique. Nous imaginions naïvement que ce serait simple et que d’autres l’auraient déjà fait ! On a regardé le modèle et les critiques du modèle derrière les études du Shift Project : 1Byte. On a décidé de s’en inspirer, en cherchant à intégrer une quote part de la fabrication des terminaux liée à l’usage de l’application, en intégrant également la partie réseau. On a voulu l’améliorer, pour intégrer des échanges back to back, les duplications de serveurs, et on a vite touché les limites de l’approche : les architectures informatiques actuelles sont “logiques” et non pas “physiques”, il est très complexe de réussir à modéliser jusqu’à la couche physique une application numérique.

On en a conclu qu’en première approximation nous pouvons utiliser notre calculette pour l’ensemble applicatif développé par OCTO en 2019, cela donnera un résultat minimum correct en ordre de grandeur, avec beaucoup d’incertitude sur les émissions réelles et encore beaucoup de questions à explorer :

  • Est-ce qu’intégrer une quote part des émissions liées à la fabrication d’un terminal qui utilise une application est la bonne façon de faire ?
  • Ne vaudrait-il pas mieux se concentrer sur les spécificités techniques minimum d’une application : si elle “force” le changement de terminal alors on intègre une quote part de la fabrication, si elle “fonctionne” sur des terminaux anciens (vive la rétro-compatibilité), alors on ne prend que sa consommation électrique ?
  • Dans le contexte des émissions liées au numérique, peut-être faut-il préférer optimiser et non réduire ? L’intégration de contraintes, l’optimisation et la sobriété des usages nous semblent plus réalistes que de débrancher et recycler les serveurs existants du cloud.
  • Quelle est la place du numérique, même sobre, dans un monde neutre en carbone ?

En estimant les types de missions de delivery réalisées par OCTO en 2019 (du site web grand public utilisé par 200 000 utilisateurs à l’application mobile utilisé par 10 000 utilisateurs, en passant par des logiciels, applications, site intranet, dédiés à environ 10 000 employés ou abonnés), nous avons obtenu 1113 tCO2e pour 2019. Nous sommes confiant sur le fait que les émissions réelles sont au moins égales à cette estimation, nous avons donc pris ce résultat pour le bilan carbone d’OCTO, car la conclusion sera la même, y compris si ces émissions étaient multipliées par 20 : les missions de delivery d’OCTO sont le principal poste d’émission.

Si nous voulons avoir un impact le plus important possible sur la réduction des émissions, nous devons modifier la façon dont nous concevons, développons, délivrons les applications numériques.

Vive la sobriété numérique, l’éco-conception, le green IT, les low-tech voire même la dédigitalisation ! Cela prendra nécessairement du temps, nous devrons muscler nos compétences en interne sur ces sujets, nous avons commencé, et nous devons convaincre nos clients que le chemin de la sobriété numérique n’est plus une option.

Les m2 émettent bien plus que nos joujoux numériques

Avant même de terminer le bilan carbone, nous avions des initiatives en cours, et en particulier celle de renouveler moins souvent nos terminaux numériques, initiatives que nous avons nommé Make IT Last. Cette initiative faisait écho aux études du Shift Project que nous avons citées ci-dessus, et nous avions l’intuition que dans le bilan carbone d’OCTO, la part liée à la fabrication et à l’usage des terminaux était loin d’être négligeable.

Le résultat nous a surpris, ce n’est pas négligeable (35tCO2e en 2019), mais ça reste de l’ordre de 1% seulement du total ! En comparaison, les émissions liées au nombre de m2 de nos bâtiments sont très largement supérieures (225tCO2e). Il n’y a pas de raison à priori de comparer ces 2 postes d’émissions, cela a simplement été une surprise et nous incite à réfléchir à l’usage et à la réduction du nombre de m2.

L’initiative Make IT Last, une fois entièrement en place, permettra de réduire 64% du poste d’émissions lié aux terminaux, soit environ 0,5% du total. On sera encore loin des -5% par an qu’il faut réaliser.

Réduire le nombre de m****2 de nos locaux (ou ne pas les augmenter au même rythme que notre croissance organique), par exemple en favorisant le télétravail (voir note 5 en fin d'article) (la période actuelle nous a appris que, bien que non entièrement satisfaisant, c’était possible), est une source de réduction de nos émissions capables de nous mettre pour plusieurs années sur le chemin des -5% par an. Il faudra probablement l’envisager, sereinement, au rythme des apprentissages. Les réflexions ont déjà commencé, mais il est encore trop tôt pour décider, agir et communiquer.

Scope 1 et 2 = 3% du total

Autrement dit, si nous nous étions contentés de ne faire que le bilan carbone réglementaire, nous nous serions privés de plus de 97% de nos autres effets de leviers possibles pour réduire notre empreinte carbone !

Après cette expérience, nous pensons aujourd’hui qu’un bilan carbone complet génère des discussions et décisions stratégiques et structurantes pour les prochaines décennies. Par exemple, à l’échelle d’OCTO, il nous faudra nécessairement réinventer notre métier d’artisan logiciel pour maximiser notre impact de réduction des émissions liées à nos activités.

Nous ne pouvons que vous inciter à être ambitieux : faire le scope 3 en incluant l’impact des produits que vous vendez à vos clients, de leur conception, fabrication à leur usage et recyclage.

L’avion sans surprise doit être réduit

Les trajets en avion représentent 225 tCO2e, soit un peu plus de 9% de nos émissions de GES totales, dont 191 tCO2e pour le fonctionnement interne d’OCTO, le reste étant liés à l’USI. Ces trajets pour le fonctionnement interne d’OCTO représentent environ 700 000 km en avion, dont la moitié pourrait être accessible en train (en France ou en Europe).

Sans surprise, l’impact environnemental de l’avion est très important. Les trajets en avion pourraient répondre à eux seuls à 2 ans de réduction des émissions ! Nous étudions donc sérieusement la question de limiter fortement les trajets en avion (par exemple, en se limitant à environ 200 000 km pour cette année), soit en remplaçant par le train quand c’est possible, soit en réalisant ce qu’il y a à faire à distance.

Nos multiples initiatives 2019 / 2020 plafonnent à 2% de réduction

Depuis fin 2018, beaucoup d’initiatives ont vu le jour en interne OCTO. Que ce soit la suppression des touillettes et gobelets en plastique, la réduction des goodies, le choix de fournisseurs aux pratiques vertueuses pour les publications OCTO, ou encore la suppression des sodas en libre service à la cafette du 6e étage et l’allongement de la durée d’utilisation de nos appareils numériques (smartphone et ordinateurs portables). Ces initiatives ont été lancées pour réduire l’empreinte environnementale d’OCTO et pas nécessairement pour réduire les émissions de GES, car supprimer du plastique dans les océans et éviter de consommer trop d’arbres pour publier des livres blancs c’est bon pour la planète. Il n’y a pas que la réduction des émissions de CO2e dans les actions à mener pour préserver l’habitabilité de notre planète.

Maintenant que nous avons terminé le bilan carbone, nous pouvons examiner ces décisions passées au prisme du chemin que nous avons à parcourir (-5% par an). Et c’est là que “l’effet touillette” saute aux yeux.

La somme de l’ensemble de ces initiatives lancées jusque là, ne représente pas plus de 2% de réduction des émissions globales. Quand on lance des initiatives sans une mesure globale de l’impact, il est difficile de penser à des actions à la hauteur des ordres de grandeur en jeu. À travers le partage de notre chemin et de nos apprentissages, nous espérons vous convaincre qu'il est urgent de lancer le bilan carbone de votre entreprise, scope 1, 2 et 3 en incluant l’impact des biens et services que vous vendez à vos clients.

Les grandes secousses commencent maintenant

Elles arrivent quand on regarde ce qu’il faut faire pour qu’OCTO participe aux trajectoires de réduction recommandées par le GIEC pour garder le réchauffement en dessous de +1,5° : -5% par an jusqu’en 2030 puis encore -4% par an.

Au début nous pensions naïvement que 1 ou 2 scénarios de réduction “extrêmes” pourraient nous permettre de réaliser le chemin jusqu’en 2030.

Ces scénarios “extrêmes” sont du type :

  • l’USI passe en mode conférence entièrement à distance (ou alors les speakers)
  • On arrête totalement de prendre l’avion
  • On réduit de 80% le nombre de m2 par Octo
  • etc…

La conclusion est beaucoup plus exigeante : il faut combiner tous les scénarios “extrêmes” auxquels nous avions pensé pour y arriver. Et en plus il faut y ajouter que 100% des missions OCTO soient faites à l’état de l’art de l’éco-conception à horizon 2030 !!!

Nous en sommes là : un peu sonnés devant les chiffres et les décisions qui s’annoncent. Tout le monde @ OCTO n’a pas encore eu le temps de prendre connaissance des chiffres et des conclusions, ni pris la mesure de l’enjeu. Les décisions ne sont pas prises, et nous pensons qu’elles vont nécessiter du temps. Ce serait peut-être une idée de “s’acheter” du temps en visant une cible “facile” : réduire la part de l’avion, par exemple en interdisant de prendre l’avion quand un train permet de faire le trajet et en réduisant les vols internationaux de moitié. Cela pourrait permettre de passer d’environ 700 000 km en avion en 2019 à 200 000 km en 2021, et ainsi réduire de -5% cette année en attendant de nouvelles décisions structurantes pour après 2021 qui devront bien sûr se cumuler les unes aux autres sur la décennie.

La mise en mouvement de tout OCTO et au-delà

La suite c’est la mise en mouvement organique, structurée, collective, raisonnée, nobullshit, inclusive, bref, the OCTO way :

  • partager, partager et partager : en cours
  • permettre à un maximum d’Octo de s’approprier le résultat du bilan carbone 2019 et d’imaginer des trajectoires à la hauteur des enjeux par des ateliers participatifs : ça commence en janvier 2021
  • prendre une première décision stratégique de réduction de -5% pour l’année 2021, et s’acheter un peu de temps pour laisser mûrir les suivantes : en cours
  • faire émerger des tendances, grâce aux partages et aux ateliers, sur une hiérarchie des renoncements acceptables par les Octos : premier semestre 2021
  • éclairer, grâce à ces tendances, les prochaines décisions structurantes à prendre pour réaliser les -5% par an sur la décennie en cours : d’ici fin 2021

En parallèle à cette mise en mouvement interne, nous pensons important d’inviter les Octos, nos clients, nos fournisseurs, nos partenaires à se mettre en mouvement :

  • Nous nous entraidons sur nos chemins respectifs par le partage
  • Nous explorons divers partenariats pour accélérer
  • Nous capitalisons et développons des offres dédiées à nos clients en particulier au sein de la tribu SEED : autour de la sensibilisation, de la formation, de la mesure, et de l’accompagnement à intégrer la sobriété numérique dans leur priorité
  • Nous amorçons un carnet de bord de ce virage important pour apprendre en marchant et partager ces histoires
  • Nous faisons la promotion de notre démarche de “jeu collaboratif mondial” dans lequel si un seul joueur perd, tout le monde perd

Le chemin ne fait que commencer, quelques bonnes nouvelles commencent à arriver (en particulier le fait que pour la première fois depuis l’accord de Paris, les annonces de réduction et de neutralité carbone de nombreux pays du monde, nous mettent sur une trajectoire de +2,1°). Mais ces bonnes nouvelles doivent encore se transformer en actes et rapidement ! Surtout que +2,1° c’est mieux que +3°, mais c’est loin d’être neutre pour les écosystèmes, et la trajectoire de +1,5° serait largement préférable.

Alors si vous partagez notre soif d’actions et de résultats, si vous vous posez des questions similaires et voulez nous en parler avant de vous lancer, si vous avez envie de nous rejoindre ou de collaborer en associant nos forces et nos efforts pour donner plus d’ampleur encore à nos ambitions => commentez, partagez, et contactez-nous !

Notes en fin d'article :

  1. Pour les plus attentifs d'entre vous, vous aurez noté que la somme des postes d'émissions fait plus que le total... C'est une question de périmètre, par exemple il y a des émissions liées aux avions dans le bilan carbone de l'USI et dans celui du fonctionnement interne d'OCTO, les premières cases ne sont pas la décomposition mutuellement exclusive du total... Et nous n'avons pas fait apparaître le bilan carbone de la Duck Conf, il manque donc 10 tCO2e, bref c'est une synthèse et il lui manque la précision.
  2. Des différences d'arrondis ont cassé les mathématiques ! A partir de maintenant nous vous proposons que 1270 + 1113 = 2382.
  3. Voir par exemple ici* ou ici, il n’y a pas de consensus en particulier parce que l’année 2020 n’était pas encore terminée à l’époque de ces projections.*
  4. Ponctuellement, car si les pays cherchent à “relancer comme avant” la réduction observée en 2020 risque de n’être que conjoncturelle à la crise, pour en savoir plus**.
  5. L’étude de l’ADEME de septembre 2020* montre que pour envisager une forte diminution des émissions de CO2e, il est nécessaire de combiner le télétravail à une réduction des m2 des bâtiments par nombre d’employés.*