Les Comptoirs Octo : La formation au cœur de la stratégie d’éco-conception de l'infra

Ce compte-rendu fait écho au replay vidéo de ce comptoir, disponible ici, animé par Brice Le Roux (consultant @ OCTO), ainsi que Frédéric Ménétrieux (architecte transverse CA-GIP).

Le client

CA-GIP, créé en Janvier 2019, regroupe 80% des productions informatiques et des infrastructures du groupe Crédit Agricole, incluant la gestion de 6 datacenters.

Son métier : exploiter les patrimoines SI et technique, contribuer aux projets Métiers SI et opérer les plateformes technologiques du groupe.

Par nature, CA-GIP s'inscrit pleinement dans la stratégie Numérique Responsable du groupe Crédit Agricole.

Plus de 1000 collaborateurs ont ainsi été formés à la fresque du numérique en 2022, soit 89% des effectifs, et un travail spécifique a été mené sur les sujets des achats IT responsables auprès des équipes concernées.

La mission

Octo a ainsi été sollicité en 2022 afin de prendre part à cet effort de formation, grâce à la co-construction d'un parcours composé de dix séminaires auxquels 89 architectes auront au final participé.

Etant acquis que tous les participants avaient au préalable été formés aux impacts du numérique, les objectifs étaient donc les suivants :

  • Mesurer les impacts de son infrastructure et prendre connaissance des initiatives existantes pour l'optimiser

  • Acquérir les leviers d'action pour mettre en oeuvre la sobriété numérique

Une attention particulière a été apportée à l'identification d'épreuves au sein de la chaîne de valeur, conçues comme les situations de travail permettant la mise en oeuvre d'actions d'éco-conception.

Questions et réponses

Pourquoi n'aborder que le PUE et WUE et non de l'impact sur la biodiversité plus globalement ?

PUE et WUE sont effectivement aujourd'hui des métriques limitées, qui s'attachent à l'efficience des systèmes sans considération des consommations totales d'eau et d'électricité.

Toutefois, ce sont aujourd'hui les métriques "reines" et au final, ce sont les seules qui sont disponibles à l'échelle d'un SI de bonne taille, à l'exception notables des facteurs d'émission calculés sur la base du bilan carbone.

PUE ET WUE peuvent difficilement permettre de se mesurer aux autres acteurs du marché, mais il reste possible de mesurer grâce à eux l'évolution de l'efficience de son SI.

Comment arrivez vous à concilier la volonté de redondances pour la sécurisation de la data et les enjeux d'écoconception ?

Les enjeux de sécurité et les critères RSE sont souvent antagonistes, c'est un fait.

Au fil des récentes décennies d'"ébriété énergétique" , la sobriété est souvent passée au second plan.
L'une des revendications des architectes, aujourd'hui, est justement de rééquilibrer cet attelage.
Savoir ou placer le curseur est aujourd'hui l'une des pierres angulaires de l'éco-conception, et une "tension saine" entre les deux est aujourd'hui à encourager, de la même façon qu'on peut aujourd'hui la retrouver à diverses étapes de la production d'un service numérique.

Redondance et fréquence des sauvegardes font d'ailleurs partie des critères retenus par la DINUM dans son récent Référentiel Général d'Eco-Conception de Services Numériques (RGESN) pour le calcul du score de maturité environnementale d'une application : "Le service numérique duplique-t-il les données uniquement lorsque celà est nécessaire ? Le service numérique utilise-t-il une redondance uniquement lorsque celà est nécessaire ?"

De quelle manière est réutilisée la chaleur fatale ?

La question de la récupération de la chaleur fatale des datacenters reste aujourd'hui embryonnaire, même si de nombreux projets sont aujourd'hui à l'étude, CA-GIP n'échappant pas à la règle.

La typologie des datacenters que nous connaissons aujourd'hui est un obstacle.
La plupart du temps, il s'agit de grands équipements isolés, et leur éloignement des centres urbains rend difficile tout acheminement d'énergie sans une déperdition majeure.

La dite production électrique est d'ailleurs trop peu significative aujourd'hui pour représenter un intérêt : elle est en effet à peine suffisante pour l'électrification d'une maigre partie des équipements secondaires d'un datacenter.

Le développement de datacenters plus petits, plus nombreux et intégrés à des zones d'habitation n'est toutefois pas exclu à l'avenir.

Des solutions alternatives de production d'énergie ont été envisagées chez CA-GIP, telles que l'installation de panneaux photovoltaiques sur les toits des data-centers. A ce jour, les réflexions sur le sujet restent peu concluantes.

Qu'entendez-vous par limiter les usages? Je n'ai pas compris le lien avec les architectes ? Les architectes ne sont-ils pas les acteurs en écoconception ?

Les architectes sont effectivement acteurs de l'éco-conception au même titre que tous les intervenants de la chaîne de valeur.

Leur capacité à challenger les besoins tout au long du cycle de vie d'un projet, du choix du langage au capacity planning en passant par la mise à disposition des outils d'observabilité adaptés, est un élément central dans une politique de sobriété numérique.

Des applications au design sobre et responsable exercent effectivement une pression moindre sur les terminaux, lesquels représentent 70% de l'empreinte carbone du Numérique.

Peut-on mesurer/évaluer l’impact carbone au global, de la gestion d’un projet IT (expression de besoin jusqu’à la livraison d’un livrable numérique par exemple) ?

C'est bien la démarche retenue par CA-GIP qui, pour son bilan carbone, s'appuie sur les scopes 1 à 3.

Comme le font beaucoup d'entreprises comparables, ce bilan carbone est rapporté au chiffre d'affaire afin de définir un facteur d'émission.

Le découpage des activités en briques opérationnelles représentée par un chiffre d'affaire permet alors d'établir pour chacune d'entre elles une estimation de son empreinte carbone propre.