Entre pixels et réalité : Plonger dans un océan d’images
Les images sont partout. Elles font partie de notre quotidien. Qu’elles soient seules ou qu’elles accompagnent d’autres supports, elles apportent de l’information. Leur omniprésence s’explique par le fait qu’elles facilitent :
- l’Impact visuel : Les images attirent immédiatement l’attention et sont plus mémorables que le texte. Selon John Medina, biologiste moléculaire et extrait de son livre Règles du cerveau : “Quand une personne entend une information, 3 jours plus tard, elle ne se souvient que de 10 %. Alors que si une image pertinente accompagne cette même information, la personne se souvient de 65 % de cette information après le même délai.”
- l’Engagement : Les articles avec des images pertinentes obtiennent 94 % de vues en plus, selon Jeff Bullas, expert en marketing digital.
- la Transmission rapide de l’information : Souvent, une image transmet des idées complexes plus rapidement qu’un texte.
- la Visibilité : Les images apparaissent dans des moteurs de recherches d’images comme Google Images, ce qui apporte une source importante du trafic.
Nos outils numériques aussi sont des adeptes aux images. On parle alors d’images numériques.
Mais la prolifération de ces images soulève quelques questionnements :
- Quelles sont les informations visibles et invisibles qu’elles portent ?
- Sont-elles bien optimisées ? Sinon, comment faire ? À quel coût ? Quels seraient les bénéfices du point de vue de l’hébergement ?
- Comment faire pour qu’elles soient un atout et non un frein à l’expérience utilisateur ?
Toutes ces questions et bien plus encore, on va tenter d’y répondre dans plusieurs articles, en commençant par celui que vous êtes déjà en train de lire, qui a pour objectif de faire un constat sur les images et leur utilisation de nos jours.
Une image…
Avant toute chose, attardons-nous sur ce qu’est une image numérique. Elle est caractérisée principalement par :
- la Définition : le nombre de pixels en largeur X nombre de pixels en hauteur
- la Résolution : Le nombre de pixels sur une surface donnée. On parle aussi de densité des pixels. Souvent exprimé en pixel par pouce (PPP) ou pixel par inch (PPI) c’est une unité de valeur. Pour une télévision, elle peut être calculée grâce au nombre de pixels horizontaux divisé par la taille de la diagonale de l’écran. Plus la résolution d’une image est importante, plus l’image sera détaillée.
- la Profondeur de couleur : elle représente le nombre maximum de couleurs que peut contenir un pixel. Elle s’exprime en bits par pixel (BPP). Plus le nombre de bit par pixel est élevé, plus l’image contiendra de nuances de couleur.
- les Meta data/ Exif Data : Données invisibles sur l’image, mais stockées qui donnent des infos sur quand, où (grâce à la géolocalisation), comment (Ouverture, ISO, marque de l’appareil, etc.) la photo/ image a été prise.
Pour créer ou afficher une image numérique, il nous faut du matériel adapté. Comme l’image sert à transmettre une information, on souhaite qu’elle soit la plus pertinente possible avec le meilleur rendu. Cela dépendra notamment des appareils de prise d’image et des supports utilisés pour la restitution visuelle.
Tout comme on observe la multiplication des images, en particulier des photos, on constate aussi la multiplication des appareils qui servent à en prendre. Concentrons-nous sur les deux principaux : l’appareil photo et les téléphones portables.
1) L’appareil photo
En regardant de plus près l’évolution des appareils photo, on voit qu’on cherche continuellement à améliorer l’appareil, que ce soit la résolution, les capteurs (en qualité et en quantité), les optiques et les logiciels pour (p)rendre la photo parfaite.
Quelques points d’attention :
- Jusqu'en 2010, la plus grande résolution qu’on pouvait avoir, c'était 20 Mpx.
- À partir de 2010, la course au mégapixel était lancée jusqu’à atteindre aujourd’hui les 151 Mpx pour le Phase One XF IQ4 (appareil photo professionnel).
- En parallèle, le capteur optique change aussi : il s’agrandit, permettant ainsi de capter plus de lumière et donc d’ajouter de l’intensité à la photo. De nos jours, dans le commerce, on retrouve essentiellement les capteurs plein format (qui équipent les appareils photos semi-professionnels), ainsi que les capteurs APS-C (notamment dans les appareils photos hybrides) et les capteurs 4/3.
-- Différentes tailles de capteur optique d’appareil photo
Bien que les appareils photo soient toujours présents, il est clair qu’ils ont peu à peu été remplacés par les téléphones portables.
2) Le téléphone portable
Quand les téléphones sont arrivés, la qualité des photos n’était pas à la hauteur de celle des appareils photos.
En 1997, sont créés les premiers téléphones avec un appareil photo intégré qui faisait que 0,1 Mpx (mégapixel) : le Sharp J-SH04 (en dorsal) et le Kyocera Visual Phone VP-210 (en frontal) .
-- Sharp J-SH0 | Kyocera Visual Phone VP-210
Mais petit à petit, les fabricants de smartphone ont amélioré leurs produits pour qu’ils soient plus performants et qu’ils photographient avec une meilleure qualité.
En 2006, des téléphones, comme le Nokia N73, étaient dotés de 3,2 Mpx. Mais c’est l’iPhone en 2007 qui, avec un appareil photo de 2Mpx, marque un tournant dans le monde des téléphones portables. Il fera de l’appareil photo un indispensable des futurs mobiles.
Avec l’essor des réseaux sociaux, la communication et le partage de photos sont devenus un réflexe. Mais on ne veut plus s’encombrer d’un appareil photo ou même devoir transférer ses photos de son appareil à son téléphone en passant par l’ordinateur.
Avec sa petite taille, son accès à internet, le smartphone se définit comme l’outil idéal.
Alors les fabricants se sont lancés dans la course aux meilleurs smartphones avec le meilleur capteur et la plus grande résolution pour faire des photos de qualité. Cette course fera émerger des téléphones dotés de 40, 100 jusqu’à 200 Mpx comme pour le Samsung Galaxy S24 Ultra.
La partie photo n’est plus une simple option, elle est devenue un indispensable de ces appareils. Ils permettent ainsi de produire des images de grande résolution. Et pour être compatible avec toutes les situations, on observe à présent des appareils dotés de plusieurs optiques, comme on peut le voir chez Samsung avec sa gamme des Galaxy S 20 et plus, et chez Apple à partir de l’iPhone X.
-- Samsung Galaxy S24 Ultra sorti en 2024 | iPhone 16 Pro Max sorti en 2024
Si on s'intéresse à la quantité de téléphones en circulation, d’après le site Statista, il y aurait plus de téléphones actifs (avec un abonnement) que de personnes sur Terre. En 2024, 94% des photos ont été prises avec un téléphone portable comme nous l'explique Photutorial, confirmant ainsi l’expression “The Best Camera Is The One That's With You” de Chase Jarvis.
Mais à quoi sert une image de qualité si le support sur lequel elle est affichée n’est pas à la hauteur ?
3) L’écran
Tout comme les smartphones, les écrans ont drastiquement évolué. On peut observer la même course à la résolution.
À une époque pas si lointaine (vers 1995), la définition des écrans correspondait à la norme DVD, c'est-à-dire à 720X480 pixels (et cela nous satisfaisait bien ! 😉).
Mais depuis quelques années, les définitions s’emballent et on voit de nouvelles normes apparaître et devenir les nouveaux standards comme HD, Full HD, Ultra HD avec la 4k, 8K.
Côté Apple, on peut aussi parler de l'écran Retina. Cette technologie repose sur le fait d’avoir une densité de pixel si importante que l'œil ne peut pas les distinguer à une distance normale d’utilisation.
Ces nouveaux outils numériques que sont les écrans et les smartphones posent la question écologique des matières premières. À ce sujet, les études (notamment de l'ADEME et de l'Arcep) démontrent que la taille des écrans influence très fortement leur impact. L’empreinte environnementale augmente en fonction de la taille de l’écran. Cet impact s'accroît de manière vertigineuse avec les grandes dalles. Il est donc recommandé de choisir des écrans de taille adaptée à ses besoins réels afin de limiter leur impact sur l'environnement. D'autant que les écrans pèsent très lourd sur facture écologique du numérique personnel.
De plus, tous ces matériels pour l’image participent à ce qu’on appelle l’obsolescence esthétique. C’est le fait de se débarrasser de ses produits sous prétexte qu’ils sont passés de mode comme l’explique l’article de Lokki Rent.
… Dans un océan.
L’accès à internet étant facilité et ayant un appareil photo à porter de poche, la communication via les photos est omniprésente. Le nombre total d'images sur Internet est difficile à estimer précisément, mais plusieurs indicateurs donnent une idée de leur quantité et de leur croissance.
Si on regarde de plus près :
1) Les réseaux sociaux
En 2024, environ 5,10 milliards de profils étaient actifs sur les réseaux sociaux, d’après Statista et DataReportal. Ces plateformes génèrent chaque jour des millions de nouvelles photos publiées, avec des milliards d'images déjà hébergées.
Pour Instagram, on parle de 95 millions de photos et vidéos qui sont publiées chaque jour, c'est-à-dire 66 000 chaque minute (dixit les articles des sites Wizishop et Blog du Modérateur). Depuis son lancement en 2010, cela pourrait représenter plus de 520 milliards d'images et de vidéos confondues.
Concernant Snapchat, les utilisateurs partagent environ 5 milliards de snaps par jour, dont une majeure partie sont des images. Cela représente approximativement 1,8 trillion de snaps depuis le lancement de l'application en 2011. À noter que la particularité de Snapchat est d’afficher une image ou une vidéo temporairement. Croisons les doigts pour que Snapchat ne conserve pas tous les snaps qui ont été émis depuis sa création.
Pour ce qui est de la plateforme anciennement connue sous le nom de Twitter, elle compterait plus de 500 millions de tweets par jour, selon l’article de TweetEraser. En 2011, d’après Statista, 1,25 % des tweets contiendrait une image. Même si on imagine bien que ce pourcentage a augmenté depuis, en prenant ce chiffre comme référence, cela représenterait globalement 43,3 milliards d’images depuis sa création en 2006.
Regardons le cas de Pinterest, site dédié aux images, avec des milliards d'épingles actives. Selon l’article de Wizishop, la plateforme regrouperait plus de 240 milliards de pins (images et vidéos) depuis sa création.
En combinant ces plateformes et d'autres plus petites (Reddit, Tumblr, etc.),il est probable que le nombre total d'images stockées sur les réseaux sociaux soit de l'ordre du mille milliards.
Pour se donner une idée sur le trafic sur internet, regardons deux infographies “Data never Sleeps” issue du site Domo
-- Infographie de 2014 : elle indique notamment qu'il y a 347 222 photos qui sont envoyées sur WhatsApp, il y a 216 000 nouvelles photos postées sur Instagram ; 3 472 images sur PINTEREST

-- Infographie de 2022 : avec notamment (encadré en bleu) des informations les plus directement en rapport avec les photos (c’est-à-dire par minutes 66 000 photos partagées sur Instagram, contre 3 600 en 2013 et 2,43 millions de Snaps envoyés par les utilisateurs de Snapchat).
2) Recherches sur Google
Google Images est l'une des plus grandes bases de données d'images au monde, bien que la maison mère ne publie pas de chiffres précis sur le nombre total d'images indexées. En 2024, Google reste le site le plus visité, avec 85,6 milliards de visites mensuelles, incluant une part importante consacrée aux recherches d'images. Selon l’article du Photutorial, on estime à 136 milliards le nombre d’images indexées en 2023.
3) Stockage personnel
Bien qu’il n’y ait pas de statistiques claires à ce sujet, l’article de VPN Mon Ami estime que 46% de l’espace de stockage personnel d’un utilisateur lambda concerne des photos et images. Pour un espace de 500 Go, cela correspond à environ 137 000 photos. Selon Avast en 2019, une proportion importante (22%) de ces photos est constituée de doublons ou de photos de mauvaise qualité qui ne sont donc pas exploitables. En reprenant les 137 000 photos stockées, cela équivaut à 27 400 photos.
4) Sites internet
Selon le site Siteefy, il y aurait approximativement 1,16 milliard de sites dans le monde dont 200 millions actifs. On distingue plusieurs catégories comme des sites vitrine, des blogs, des sites d'e-commerce ou encore des forums. D’après Exploding Topics, les sites e-commerces représentent plus ou moins 2,5 % des sites internet. Quant aux blogs, leur pourcentage serait de plus de 53 %. Tous contiennent des images. On n'a pas de chiffres exacts sur le nombre d’images par catégorie de site.
Faisons une simulation avec les sites e-commerce pour nous donner une idée de grandeur. On peut dire que plusieurs centaines (voir millier) de produits sont référencés et que chaque produit a au moins 3 photos. Par exemple, Amazon autorise jusqu’à 9 photos par articles. D’après AmzScout , il y aurait plus de 600 millions de produits référencés sur la plateforme. À raison de 3 photos par article, cela fait déjà 1,8 milliards de photos rien que pour ce seul site…
5) Les outils d’intelligence artificielle
La progression des outils d’autour de l’IA (Intelligence Artificielle) générative et des LLM (Large Language Model) est fulgurante. Il en existe pour tout, notamment pour générer des images. Et ils n’ont pas chaumé.
Depuis 2022, il y aurait plus de 15 milliards d’images qui ont été générées grâce à l’IA selon l’article de Jeux Vidéo. Ce qui représente 34 millions d’images par jours. Et ce n’est visiblement pas près de s’arrêter. L’utilisation de ces générateurs d’images est devenue un réflex que ce soit pour notre vie personnelle que professionnelle.
Nous avons, d’ailleurs, volontairement choisi de passer par la technologie GenIA pour créer la première image illustrative de cet article. Nous planifions prochainement de vous en partager les raisons ainsi que les enseignements tirés.
Tous ces exemples reflètent l'immense popularité des images comme moyen de communication et de partage à l'ère du numérique. Ce chiffre continuera d'augmenter exponentiellement avec l'évolution des technologies et l'augmentation du nombre d'utilisateurs connectés dans le monde.
En conclusion
Avec l'avènement du numérique et des réseaux sociaux centrés sur l'image, le dicton “une image vaut mille mots” est à son paroxysme. Comme on a pu le constater, il y a une quantité phénoménale d’images qui transite chaque jour sur internet.
Mais l’image vaut aussi mille préoccupations. D’abord se pose la question de l’innovation face à la surproduction. Pour pouvoir créer ses images, on a besoin d’outils spécifiques. Comme on l’a vu, ces outils s’améliorent au fil du temps. Mais à vouloir toujours faire mieux, on rentre dans un cercle vicieux qui incite les entreprises à innover et surtout à produire plus, et le consommateur se retrouve à être dans une attente constante de nouveauté.
Vient ensuite la question de l’impact écologique de ses nouveaux objets, car tout objet fabriqué a nécessité des matières qui proviennent de notre terre, donc de ressources de plus en plus limitées…
S'ensuit, la question de l’utilisation même des images.
Les photos prises avec les appareils modernes sont plus complexes (dû à la résolution toujours plus élevée, les données enregistrées sur les photos) et de ce fait sont plus lourdes. Aujourd’hui, on estime que le poids moyen des photos est de 5 mégaoctets (Mo), alors qu’elles étaient de moins de 3 Mo en 2010. Concrètement, ça veut dire quoi ?
Si l’on reprend les 1,94 trillion de photos prises en 2024 selon Photutorial, avec chacune un poids moyen de 5 Mo, cela représenterait 8,91 exaoctets (soit 8,91 milliards de Go).
Cependant, la notion de poids est à nuancer, car elle est liée aux caractéristiques de l’image. C’est pour cette raison que nous aborderons prochainement le sujet de l’optimisation.
À bientôt pour la suite…