Engagement, structuration, communauté : notre cheminement vers la (re)certification B Corp

Chez OCTO, l’engagement sociétal et environnemental est réellement devenu une évidence il y a une petite dizaine d'années. Pourtant, formaliser cet engagement pour l'inscrire durablement dans nos pratiques a été un véritable cheminement. Retour sur notre parcours vers la certification B Corp, un levier d’accélération autant qu’un révélateur, puis vers notre recertification en 2025.

On refait le match avec Charlotte Abdelnour, notre Chief Sustainability Officer qui a piloté toute la démarche, notamment avec l’aide de Margaux Nonclerq (avec sa casquette de PO et de spécialiste numérique responsable) et Zacharie Pillois (chargé de projet RSE).

OCTO est de nouveau certifiée B Corp !

Rappel : B Corp est un label à la renommée internationale, qui a pour vocation de reconnaître les bonnes pratiques des entreprises en termes d’impact social, sociétal et environnemental. Un label important pour OCTO puisqu’il donne une feuille de route et s’inscrit dans le prolongement de nos engagements pour un numérique plus sobre et inclusif.

Quelles ont été les prémices de l’aventure B Corp ?

  • Prise de conscience

Dès 2018, nous avons pris conscience que nos actions sociales et notre attention portée aux collaborateurs ne suffisaient plus : l’urgence environnementale imposait de repenser notre modèle plus globalement. À l’époque, il n’y avait pas de réglementation forte sur le carbone, etc. On était surtout tournés vers des actions sociales internes, pour le bien-être des collaborateurs. Puis, progressivement, la question environnementale est devenue incontournable. Les années suivantes, une communauté d'Octos s'est constituée autour de ces enjeux. On a commencé par partager nos actions individuelles (électricité verte, mobilité douce), puis on s’est dit : "il faut mesurer notre empreinte carbone chez OCTO".

Pour aller plus loin : https://blog.octo.com/comment-octo-sengage-pour-un-monde-meilleur

  • Auto assessment

À ce moment-là, peu d'entreprises françaises étaient certifiées B Corp. L'approche globale proposée — évaluer l'impact de l'entreprise sur l'ensemble de son écosystème, pas seulement sur ses collaborateurs — nous a convaincus. Ce n’était pas simplement « être une bonne boîte », mais structurer des pratiques positives, mesurables et durables. On a aussi découvert l'outil d’autoévaluation gratuit B Impact Assessment qui nous a permis de faire un état des lieux de notre situation.

Pour aller plus loin : https://blog.octo.com/octo-met-le-cap-sur-la-responsabilite-socio-environnementale

Comment se passe la certification B Corp ?

En 2021, on s’est finalement lancés. Passer la première certification B Corp nous a obligés à structurer ce qu’on faisait déjà. Ça a été un énorme travail de formalisation. On n’a pas inventé de nouvelles pratiques pour la certification, mais on a appris à mieux les décrire, les suivre et à mettre en place des indicateurs. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la certification B Corp n’a pas tout bouleversé. Elle a surtout structuré des pratiques existantes, par exemple :

  • Rédaction de politiques internes jusqu'alors implicites

Beaucoup de choses existaient déjà dans nos pratiques — politique de développement des compétences, soutien aux associations, bien-être des collaborateurs — mais rien n'était formalisé. Avec B Corp, on a été obligés de tout écrire noir sur blanc : qui fait quoi, comment, pourquoi. Ce travail de formalisation nous a énormément structurés, alors qu'avant, c'était surtout du bouche-à-oreille et de la culture informelle.

  • Mise en place de bilans carbone et d’objectifs de réduction d’impact

Au début, on ne mesurait rien. On a pris conscience que sans indicateurs, on ne pouvait pas savoir si nos actions avaient un réel impact environnemental. On a donc réalisé notre premier bilan carbone en même temps qu'on répondait aux questionnaires B Corp, ce qui a été un vrai électrochoc. Depuis, on fixe des objectifs annuels de réduction et on suit leur atteinte.

La claque du bilan carbone : https://blog.octo.com/lexploration-continue-et-ca-secoue

Notre outil calculette : https://blog.octo.com/bilan-carbone-octo-a-construit-sa-calculette-pour-estimer-les-emissions-co2e-de-lusage-du-numerique-mais-ca-ne-fait-pas-tout

  • Développement d'indicateurs de performance extra-financière

Aujourd'hui, on mesure de manière transparente notre consommation d'eau, d'électricité, nos déplacements professionnels, la production de déchets. Tous ces indicateurs sont accessibles en interne, suivis année après année, et intégrés dans nos tableaux de bord. Ça nous permet non seulement de suivre nos progrès environnementaux, mais aussi de structurer notre stratégie RSE à long terme.

Toute entreprise de tout secteur peut tenter la labellisation. Pour cela, il faut répondre à plus de 180 questions réparties dans 5 piliers différents et obtenir un score minimum de 80 points. OCTO a obtenu sa première certification B Corp en 2021, avec un score de 81,2 points. Et avec une aussi belle marge de progression possible, on n’allait quand même pas s’arrêter en si bon chemin…

Quel impact sur nos missions avec nos clients ?

Nous sommes particulièrement fiers de notre (re)certification. Déjà parce que la (re)certification est un processus minutieux et laborieux qui implique de rassembler, des 4 coins de l’entreprise, toutes les preuves demandées pour justifier nos réponses aux quelque 180 questions posées. Ensuite, parce que les résultats sont là : on s’améliore partout, sur tous les piliers d’actions, jusqu’à atteindre la barre des 100 points. Et enfin, parce que notre plus grande réussite, c’est celle que nous partageons avec nos clients. Nos missions sont l’axe sur lequel nous avons le plus progressé !

Quelle utilité réelle du projet pour les usagers ? Quels indicateurs d’impact mettre en place ? Comment intégrer les enjeux d’accessibilité, de sobriété, ou d’éthique dans les arbitrages techniques ? L’approche B Corp est un levier pour faire autrement — avec nos clients, en se posant les bonnes questions.

Certaines pratiques déjà profondément ancrées dans la culture OCTO nous ont permis d’augmenter largement notre impact positif via nos missions et d’en maximiser l’impact auprès de nos clients ! Le cadrage 360°, pour identifier toutes les dimensions du projet (usages, tech, impact, environnement) ; le lean et l’agilité, pour intégrer le juste nécessaire et itérer de manière responsable ; la co-construction, pour prendre des décisions alignées avec les usagers et les parties prenantes ; etc.

L’un des effets les plus puissants de la certification B Corp ne se mesure pas uniquement en interne. En structurant nos propres pratiques, elle a profondément fait évoluer notre façon d’accompagner nos clients et nous a donné une légitimité supplémentaire pour poser un cadre exigeant mais constructif répondant à leurs enjeux. Par exemple :

1. Structurer le dialogue sur l'impact dès le cadrage

Grâce au référentiel B Corp, OCTO dispose aujourd’hui d’une grille de lecture partagée pour identifier l’impact potentiel d’un projet, et ce, dès la phase de cadrage. Cela permet de reformuler certains objectifs, de clarifier les publics concernés ou encore de co-construire des indicateurs de résultats, avec les clients.

2. Créer des espaces de débat dans les zones grises

Les secteurs d’activité des clients ne sont pas tous “à impact” de manière évidente. Mais c’est précisément dans ces zones plus complexes que la posture portée par la certification B Corp devient un outil précieux. Elle nous autorise à poser des questions sensibles, à discuter de la portée réelle d’une mission, sans imposer de jugements de valeur. L’équipe met en avant une posture experte, mais aussi engagée, marquée par une volonté d'agir pour le bien commun. Ce positionnement citoyen favorise le débat avec les clients : c’est notre côté franc-tireur, “poil à gratter”, un de nos meilleurs atout !

3. Stimuler une démarche d'amélioration continue chez les clients

En partageant leur propre retour d’expérience sur la démarche B Corp, les équipes OCTO peuvent agir comme catalyseurs d’initiatives côté client. Certains se lancent dans une autoévaluation, d’autres dans des démarches de mesure d’impact. Le label devient alors un langage commun, un outil pour aligner les ambitions de part et d’autre.

À la suite d’une mission, une entreprise cliente a décidé d’adopter certains outils de mesure carbone co-développés pendant le projet. Elle s’est ensuite engagée dans sa propre feuille de route bas carbone, avec l’appui des équipes OCTO.

Au fil de cette démarche, certaines missions prennent une résonance particulière. Des projets conçus pour améliorer l’accessibilité numérique, des outils visant à mieux informer les usagers sur leurs droits, ou encore la centralisation éthique de données sensibles : chacun de ces cas incarne une traduction opérationnelle de l’impact !

À quoi s’attendre lors du processus de (re)certification B Corp ?

Chez OCTO, la (re)certification B Corp a mobilisé de nombreuses personnes. Zacharie a vécu cette aventure de l’intérieur : entre audits et chasse aux preuves, il explique comment s’est déroulé ce marathon de rigueur :

“Contrairement à d’autres certifications, ce n’est pas juste “rédiger une politique d’entreprise” et cocher des cases. B Corp veut du concret. Il faut que les actions aient un impact mesurable, qu’on suive leur efficacité dans le temps, qu’on démontre qu’on a des résultats, que les pratiques soient ancrées, connues de toutes et tous, pas juste pour la certification.

Par exemple, si on a dit qu’on voulait réduire nos déchets de 20 %, il faut le prouver, montrer qu’on a mis en place des leviers, qu’on suit les résultats, et que ça marche — ou pas. On est dans une logique d’hypothèse, d’expérimentation et de validation continue.

Rassembler tous ces éléments de preuve, c’était de l’archéologie. J’ai contacté entre 50 et 60 personnes. Il fallait poser des questions très précises, parfois convaincre les gens de prendre le temps de répondre… alors que pour eux, ça n’avait “rien à voir avec leur job”. Sauf que pour B Corp, si. On a dû tout sourcer, tout justifier.

Côté environnement, nous faisons déjà un audit énergétique chaque année qui nous permet d’identifier des axes d’amélioration. En parallèle, on a installé un système qui s’appelle Smart Impulse : ça capte la conso électrique en temps réel et m’envoie des alertes quand ça dépasse la moyenne. Genre : une salle restée allumée, un radiateur actif en plein été… Quand je vois des incohérences, je vais voir les équipes pour corriger. C’est du travail quotidien. Parfois, on déplace des ventilateurs ou on réorganise les espaces pour éviter les excès. On a une politique de gestion des déchets avec un suivi pluriannuel, des objectifs, des indicateurs. Et ça vaut aussi pour la conso d’eau, le choix des produits d’entretien, l’imprimeur, les papiers utilisés… On a même dû fournir les fiches techniques des produits utilisés par notre prestataire de nettoyage !

Côté impact social, on était déjà bien positionnés : diversité, inclusion, handicap… On avait lancé plein d’actions depuis 2017. L’audit “Mixity”, par exemple, s’est basé sur des réponses anonymes. Ça nous a permis de mieux identifier où on en était, sans accéder aux données personnelles. On a aussi travaillé avec Share IT pour placer des consultants entre deux missions sur des projets à fort impact. Ça, c’était une très belle initiative.

On s’est aussi rendu compte que certaines équipes faisaient du B Corp sans le savoir ! Ils avaient des pratiques vertueuses, mais pas formalisées. Par exemple, prolonger la durée de vie des ordis de 3 à 5 ans, choisir des traiteurs écoresponsables… On a juste dû rassembler toutes ces preuves. Ce projet m’a poussé à comprendre l’entreprise sous un autre angle. J’ai vu que même un petit tableau Excel, un choix de papier ou un formulaire anonyme… ça peut avoir un vrai impact. C’est ça que B Corp révèle : les petites choses font les grandes différences.”

Avec le recul, la certification B Corp, ça apporte quoi ?

Ce n’est pas juste un label mais une démarche d’amélioration continue qui génère du débat, de la remise en question, de la nuance et de la prise de hauteur. Marquer des points juste pour augmenter ses scores n’a pas de sens si le processus de s’accompagne pas d’une vraie vision stratégique. Du point de vue OCTO, être une entreprise B Corp est un choix stratégique, pas tactique.

Même si la certification B Corp est un excellent levier d'engagement et de structuration, elle a ses limites. Certains critères d’évaluation restent par exemple très marqués par la culture américaine, et peuvent parfois être en décalage avec les réalités européennes — notamment sur les sujets liés au droit du travail ou à la mesure de la diversité.

Ce sont justement ces limites qui font que la certification B Corp n’est pas une fin en soi. C’est bien sûr un marqueur de rigueur et d’engagement mais c’est surtout un guide pour s’améliorer en continu. Il nous a d’ailleurs permis d'identifier de nouvelles pistes de progrès, bien au-delà du score final. L’apprentissage principal à en tirer, c’est qu’il n’existe pas une unique bonne façon de faire. Il y a par contre toujours de meilleures façons d’avancer. “There is a better way” : voilà notre véritable moteur.