LADAPT. Ces chiffres sont sous-évalués pour plusieurs raisons. Premièrement, parce que cela ne compte que les personnes déclarées officiellement. De plus, certaines personnes sont régulièrement en situation de handicap, sans même le savoir elles-mêmes…
En résumé, le handicap concerne tout le monde et au mieux c'est une question de temps. Autrement dit, par rizzo_boring avec son illustration Instagram : “Vos corps valides sont éphémères !”
Comme on peut le constater avec les chiffres ci-dessous, l’accessibilité numérique concerne de nombreuses personnes avec des besoins différents :
Depuis plus de 10 ans, l'utilisation des téléphones portables (Smartphones) est devenue incontournable et a largement dépassée, sur Internet, celle des ordinateurs fixes.
En effet, depuis son apparition, le smartphone n’a jamais cessé de se diffuser dans la population française. L’année 2022 s’inscrit dans ce mouvement. 87 % des personnes possèdent désormais un smartphone (+ 3 points par rapport à 2020).
L’usage des smartphones reste assez stable (avec une très légère baisse à l’exception de 2019 qui était au plus haut) ces quatre dernières années. En 2022, 75 % des personnes interrogées en avaient utilisé dans les six derniers mois.
Pour avoir tous les chiffres et la source de l’étude : page 8 et 11 du Baromètre du numérique - édition 2022 - Rappo
Les chiffres fiables pour la France sont difficiles à trouver, mais tout porte à croire que c’est la même tendance qu’aux USA.
Côté iOS, Apple a introduit, en 2020, le scanner LiDAR (disponible depuis iOS 16 et à partir de l’iPhone 12 Pro et de l’iPad Pro 11 pouces). Il est niché entre les caméras arrière. Le scanner peut détecter des objets jusqu’à 5 mètres. Le LiDAR (Light Detection And Ranging) est une technique de mesure de distance (télémétrie) qui exploite les propriétés de la lumière, comme le radar exploite celles des ondes électromagnétiques ou le sonar celles des ondes acoustiques.
L’application native Loupe
En voici un exemple en image avec la détection d’une plante décorative, une porte, un feuillage, une situation extérieure, une fenêtre, une personne ainsi qu'une porte à 3,50 m. Il arrive également à déchiffrer un panneau affiché sur la porte, sur lequel est écrit un texte, ici “WILDFLORA” :
Un autre exemple frappant est l’application SeeingAI de Microsoft
Depuis 2017 avec, a minima un iPhone 5C (un iPhone 6S est recommandé), sans LiDAR et les progrès fulgurants de AI. Il existe une version Android moins performante.
Dans sa version complément sous iOS, l’application peut s’appuyer sur un LiDAR, le GPS; les gyroscopes, la boussole, les caméras, le son, la synthèse vocale, le vibreur et bien entendu du logiciel basé sur de l’intelligence artificiel avec le matériel de calcul associé.
Ce genre d’application a marqué un changement radical dans le quotidien de malvoyants et des aveugles. Les usages ne se limitent pas à se repérer dans l'espace : cette application (dire laquelle) permet la transcription de textes et de documents (également manuscrits), l'identification de devises monétaires, de couleurs et lumière, des personnes (avec une évaluation de l'âge, du sexe et de l'état émotionnel de la personne), décrire une scène, avec de la navigation à l’intérieur d’un bâtiment…
Voici quelques exemples en images issues des vidéos démonstratives de la chaine YouTube Microsoft Research :
Voici un autre exemple réalisé sur Android : il reconnaît “un homme qui l'estime être âgé de 28 ans, avec des cheveux noirs, portant des lunettes et qui semble heureux”. Ce qui n'est pas trop éloigné de la vérité.
Avec toutes ces nouveautés, il y a des répercussions potentiellement utiles pour beaucoup de monde.
En effet, Apple multiplie les annonces : avec en novembre 2023 une présentation des nouvelles fonctionnalités pour l’accessibilité cognitive, verbale et visuelle; complété en mai 2024 par des nouvelles fonctionnalités d'accessibilité, notamment le suivi oculaire, l'haptique musicale et les raccourcis vocaux sous iOS.
Exemple avec le “Setup Assistive Access”, pour avoir une interface simplifiée (en français cela s’appelle “Accès d’aide”). Ce mode est encore, en début 2025, perfectible et encore immature dans son intégration dans iOS, mais il a le mérite d'exister. Il ouvre la porte d’une interface beaucoup plus utilisable pour un large public complètement noyé par l'interface classique des smartphones :
- - L'écran de gauche montre une disposition par ligne de cinq applications ; l'écran de droite monte les cinq applications sous forme d'icônes plus grosses sous la forme de 2 colonnes et trois lignes.
Une raison de plus de suivre les standards de l’accessibilité numérique dans le développement des applications pour pleinement profiter de ces nouvelles fonctionnalités d’accessibilités en constantes évolutions de la part des constructeurs d’appareils iOS et Android et des logiciels et des outils d’accessibilité tiers …
Pas de statistiques encore, mais il y aura assurément d’autres répercussions sur les usages du quotidien dont voici quelques exemples :
Cette photo (ci-dessous, prise par une collègue) qui nous montre une personne utilisant une loupe physique pour regarder son smartphone nous prouve, si c'était nécessaire, le besoin de rendre nos smartphones accessibles.
Cela va dans le sens du Baromètre du numérique 2022 du CREDOC, qui explique notamment que : « 60% Français tirent parti du réglage de la taille de la police, de l’augmentation du contraste et des commandes vocales. Alors que les fonctionnalités pour faciliter l’accessibilité pourraient leur bénéficier, les seniors mobilisent beaucoup moins ces différentes fonctionnalités que les plus jeunes… »
Graphique sur l’utilisation des fonctionnalités sur votre ordinateur, smartphone ou tablette selon l’âge :
- Champ de l’étude : ensemble de la population de 12 ans et plus ayant une connexion internet fixe à domicile et possédant au moins un ordinateur, une tablette ou un smartphone -
On s'aperçoit que les moins de 40 ans utilisent significativement ces fonctionnalités d'accessibilité. Contrairement aux plus de 40 ans qui ne l'utilisent pas. C'est un peu dommage, car ceux qui en ont le plus besoin aujourd'hui ne savent visiblement pas l'utiliser (comme on l'a vu plus haut avec la personne qui utilisait une loupe physique). Mais, mécaniquement, les moins de 40 ans d'aujourd'hui deviendront les plus de 40 ans de demain. Ils seront donc plus exigeants sur l'accessibilité des applications.
Dans ces conditions, il y a fort à parier que les applications accessibles et dont l’ergonomie sera particulièrement bien soignée, vont devenir le standard. Et certains autres chiffres démontrent cette tendance :
De plus, les usages évoluent et demandent à repenser le design d’hier des applications… Par exemple en mobilité dans les transports en commun.
Nous avons donc vu que :
L'accessibilité numérique gagne en importance. Il est essentiel de garantir des produits numériques pour un large public en tenant compte des différents types d'utilisateurs, notamment ceux avec des limitations visuelles ou ceux qui utilisent les innovations telles que la synthèse vocale. Pour cela, il est nécessaire pour les développements d’applications de suivre, sous peine de sanction, les critères accessibilités du Référentiel d'évaluation de l'accessibilité des applications mobiles (RAAM) et les recommandations données aux développeurs, iOS et Android. (Cf. aussi : Les challenges pour le mobile en 2025)
En ce sens, à OCTO en 2023, nous avons pensé à un équivalent des Easy Checks – A First Review of Web Accessibility du W3C, mais pour le mobile, appelé les 5 Easy Checks de l’Accessibilité Mobile. Nous n’avons pas encore tout formalisé par écrit, mais avons animé des ateliers pratiques de 2 heures pour les découvrir et montrer ce monde particulier de l’accessibilité mobile. À l'instar du Web, l'idée principale était avec ces 5 points concrets de tester rapidement la maturité d'une application mobile, sans avoir à déployer la grosse artillerie du RAAM.
⚠︎ Mais attention, le numérique doit également rester à sa “juste place”. Cela signifie qu'il doit respecter la possibilité d’appropriation, avoir la liberté d’attention et garder un droit à la non-connexion. Cf. le référentiel pour un Numérique d'Intérêt Général (NIG) et l'article de Reporterre : "Vivre sans smartphone en 2024 : un quotidien semé d’embûches".