Dans la mare aux canards de La Duck Conf 2023

300 personnes venues de tous les coins de la France et de Suisse étaient au rendez-vous pour cette 6e édition de La Duck Conf qui s’est tenue ce mercredi 29 mars, confirmant un succès qui ne se dément pas, et ce, malgré les aléas liés aux grèves, qui ont contraint cette année à décaler de deux mois cet événement.

Néanmoins, ce report a eu un côté positif, puisque le printemps était avec nous, permettant aux participants de profiter de températures agréables et du soleil dans le joli cadre du pavillon Chesnaie du Roy, qui offrait une vue sur le Parc Floral. À défaut de canards en chair et en os, l’accueil était assuré dès le matin par le cri des oies et le chant des oiseaux !

Le “temple de l’architecture” qu’ambitionne d’être La Duck Conf a commencé très fort avec une keynote de Gregor Hohpe, Director of Enterprise Strategy AWS et Auteur d'ouvrages majeurs dans notre secteur (Cloud Strategy, The Software Architect Elevator ou encore Enterprise Integration Patterns). Cet éminent spécialiste a présenté sa vision des enjeux des systèmes distribués, avec un focus particulier sur EDA (ou “architecture orientée événements”), un sujet par la suite approfondi en atelier avec nos Octos Can Liu et Kévin Julien. Gregor Hohpe s'est également prêté à l'exercice des questions/réponses avec le public.

Comme chaque année, le reste des intervenants étaient des Octos qui ont présenté, au travers de leurs expériences et réflexions, les enjeux de la construction des plateformes et techniques de demain.

Une édition axée écoconception et écoresponsabilité

Pour cette édition, un fil conducteur plus spécifique a guidé une partie des débats : celui des problématiques posées par la crise écologique entraînant le besoin de se réinventer dans un contexte de raréfaction des ressources nécessaires à la fabrication des outils numériques et de nécessité de réduire drastiquement l’empreinte carbone de ces derniers d’ici 2050.

Trois ateliers et un talk ont été consacrés à cette problématique :

Tout d’abord, l’atelier de Nicolas Bordier, qui a présenté, via des démonstrations et exemples concrets, des outils pour réduire le poids des médias, en particulier des images, sur les sites web.

Ensuite, les deux ateliers animés par Alexis Nicolas : “le numérique n’est plus ce qu’il était”. Partant de l’hypothèse que l’utilisation du numérique ne va non pas croître indéfiniment, mais au contraire devoir être drastiquement réduite, Alexis nous a proposé de réfléchir dès maintenant à ce sur quoi nous pouvions agir dans nos structures pour se préparer à ces nouveaux défis, à la fois en renonçant à certains usages, mais aussi en “bifurquant”, c’est-à-dire en utilisant mieux et plus efficacement le numérique, en effectuant des choix sur les usages à conserver ou non. De manière très didactique et en se basant sur les données réunies par le Shift Project Europe, Alexis a conçu des cartes présentant différents éléments sur lesquels agir afin de susciter des discussions et échanges par petits groupes.

Enfin, le talk très poétique de Wojciech Wojcik, qui nous raconté avec beaucoup d'émotion comment il a un jour quitté le port des certitudes pour partir à l’aventure sur l’océan du green, nous offrant en partage son journal de bord du cheminement intellectuel qu’il l’a conduit à approfondir ses réflexions sur ces questions. Un parcours fait d’”ivresses” et de “gueules de bois”, commençant par la remise en cause de ses certitudes de départ pour arriver à la construction de réflexions et d’enseignements enrichis par ses doutes et ses échecs. Un voyage jamais vraiment achevé. Plus concrètement, Wojciech a abordé la problématique de la mesure et de la difficulté à tirer des métriques fiables pour mesurer l’empreinte carbone des différents usages du numérique, un sujet qui s’inscrit dans le chantier initié par OCTO autour du Numérique Responsable depuis 2019. Il a ainsi largement remporté l’approbation du public pour le dernier talk de la journée malgré la fatigue !

En sus, les équipes du collectif Frugarilla étaient présentes autour d’un stand pour poursuivre ces discussions autour des “numériques essentiels 2030”.

L'architecture de SI dans tous ses états

En plus de ce fil conducteur, les autres talks et ateliers ont proposé des éclairages et réflexions sur l'architecture de SI dans des contextes variés et souvent complexes, enrichis par les expériences de terrain de nos octos, notamment autour des problématiques d'évolutivité et d'architectures événementielles.

Ainsi, après un déjeuner ensoleillé, Benjamin Bayart a par exemple réalisé la quadrature du cloud souverain, discutant des différentes acceptions (juridique, économique, régalienne) du concept. Loin d’en proposer une vision figée, Benjamin a surtout souligné que le développement des besoins en la matière naissaient des contraintes créées dans ces différents champs (par exemple : RGPD pour le juridique). Or, face à l’impossibilité de répondre à toutes, il faut rechercher un “optimum sous contraintes” plutôt qu’un “idéal”, sous peine de risquer de s’embarquer dans une “spirale de l’échec”. Parvenant à présenter avec humour un sujet pourtant âpre, Benjamin a suscité l’adhésion de l’assistance, qui est parvenue en l’écoutant à échapper au traditionnel “coup de barre” du début d’après-midi.

L’après-midi a également été marqué par les talks de Thomas Brien et Maxence Modelin sur la transformation d’un SI vieux de 30 ans pour répondre aux enjeux métier tout en améliorant le SI au global ; ou celui de Hông Viêt Lê et Roberto Duarte sur la vie d'Ops au cœur d'un SI en évolution avec de forts enjeux de sécurité, dans le contexte de la survenue de la crise sanitaire qui a soulevé deux questions : comment continuer à travailler quand on ne peut plus aller sur site alors qu’il est impossible de se connecter à la prod à distance et comment mettre en place des outils RSE pour faciliter la communication entre dev et ops et la remontée d’erreurs sans culpabiliser ?

Il est impossible de détailler l’ensemble des interventions, mais tous les Octos organisateurs et participants peuvent être fiers du travail qu’ils ont accompli.

Enfin, malgré le sérieux des propos, La Duck Conf, ce sont aussi des moments plus légers, au cours desquels on essaie par exemple d’attraper le “canard d’or” avec une pince pour remporter une place à la prochaine Duck. Ce sont aussi des moments de partage et de rencontres, que ce soit autour d’un pique-nique au soleil ou d’un apéro pris dans la douceur du soir.

Merci à l’ensemble du public, nous avons tous très hâte de vous retrouver l’année prochaine ! La super équipe de La Duck vous dit à bientôt !

Photos : Aurélien Massiot et Nils Lesieur.