Culture Kaizen - Préface de Ludovic Cinquin
Culture Kaizen - La transformation des petits matins (téléchargement) est le regard d'OCTO sur l'apport du Lean originel (i.e. de Toyota) aux organisations numériques. Cet ouvrage est destiné à des décideurs, des managers et à tous les métiers des organisations numériques. Son objectif est de présenter, à travers des témoignages et des retours d’expérience de première main, la valeur inestimable que peuvent apporter cette culture et ses pratiques à leur entreprise. Cet article propose la préface, rédigée par Ludovic Cinquin CEO d'OCTO de 2019 à 2022.
L’Agile et le Lean vivent une longue histoire d’amour contrariée
Dès leur plus jeune âge, ils étaient faits pour s’entendre. Quasi-parfaitement alignés sur les valeurs et les constats, ils ont cependant grandi dans des contrées éloignées, le monde de l’industrie pour l’un, celui de la technologie digitale pour l’autre. Le monde des villes contre le monde des territoires, les cols blancs contre les cols bleus, la matière contre l’abstraction. Bref, la rencontre n’était pas gagnée d’avance.
Et au début, c’eût été une relation trop sulfureuse : la différence d’âge était encore trop marquée, l’Agile n’ayant pas même atteint l’âge de la majorité et la Lean avait de son côté gagné une réputation de mauvais garçon au contact du gang des cost killers.
Mais leurs penchants communs ont fini par les rapprocher : les deux mettent en avant une philosophie de l’action plutôt que de la spéculation, les deux insistent sur le potentiel humain et l’intelligence collective, les deux ont la conscience aiguë des vertus du feedback rapide.
Le Lean apporte malgré tout un supplément de puissance et d’universalité à l’Agile qu’on pourrait ainsi voir comme une instanciation pratique et presque prête à l’emploi du Lean pour certains contextes. Avec le risque, si l’on n’y prend garde, d’en rester aux recettes et de se détourner de l’esprit - ce que l’on constate d’ailleurs dans certains déploiements.
Le Lean peut ainsi être vu comme une façon d’aller plus loin que l’Agile pour toute personne, dirigeant, manager, product manager, praticien de l’agile, consultant.
Mais de la même façon que le joueur de tennis répète mille fois son service, le Lean demande, plus encore que l’Agile, une discipline du geste. Cet ouvrage en est une parfaite illustration : plutôt que de discourir sans fin des vertus théoriques du modèle, les auteurs prennent ici le parti de montrer ce qu’il se passe sur le terrain et en coulisses, bref la vraie vie, avec ce qu’elle a de prosaïque mais aussi d’humain et de force d’inspiration par les histoires qu’on y vit. Ils illustrent également les énormes gains d’efficacité réalisés (et chiffrés !), car s’améliorer consiste en définitive à gagner en performance, à la fois pour le bénéfice des clients, des employés et de l’entreprise.
Cet ouvrage illustre le chemin d’apprentissage qui mène chaque personne, chaque équipe, chaque organisation vers une culture du Lean, car, en définitive, comme le rappelle à plusieurs reprises les auteurs, « le Lean n’est pas un système de production, mais un système d’apprentissage et de formation ».
Je suis à titre personnel enthousiaste qu’OCTO se soit engagée résolument sur la voie du Lean.
Cette discipline vient enrichir et étendre notre pratique avancée de l’Agile et nous permet de creuser plus profondément la notion de la valeur apportée par les outils digitaux. Aussi fou que cela puisse paraître, cette réflexion demeure embryonnaire dans notre industrie où pour beaucoup de services informatiques, atteindre les objectifs consiste encore à produire les jours x hommes projet prévus au budget. Et bien évidemment, face aux enjeux de la transition écologique, ce n’est plus seulement la valeur économique qui est à prendre en compte mais aussi la valeur environnementale.
Plus nous approfondissons ce sujet et plus nous prenons conscience que la marche de progrès et de valeur que promet la diffusion de la culture kaizen dans la fabrication et l’opération des produits digitaux est considérable.
Oui, le Lean et l’Agile sont appelés à avoir de beaux enfants.
Ludovic Cinquin