Compte-Rendu WebDevCon : Maîtriser les 10 heuristiques d'utilisabilité pour les interfaces web modernes

Introduction

Notre équipe a eu la chance de participer à la WebDevCon pendant 2 jours. Le premier jour j’ai participé à un atelier dédié aux 10 heuristiques d’usabilité. Ce concept a été publié en 1995, mais toujours d’actualité aujourd’hui dans un contexte où les interfaces doivent être le plus accessibles possible.

Vicky Pirker, notre speakeuse à la WebDevCon 2025 et experte UX, propose d’explorer les fondements théoriques de ces 10 heuristiques afin de comprendre leurs impacts sur l'expérience utilisateur.

Jakob Nielsen, né en 1957 au Danemark et titulaire d’un doctorat en interactions homme-machine est un expert en ergonomie et en usabilité des sites web. Dans le cadre de son travail, Jakob Nielsen a essayé de résoudre la problématique suivante : qu’est-ce qui rend une interface web utilisable ?

C’est en utilisant la méthode heuristique que Jakob Nielsen à identifié 10 principes d’usabilité qui permettent de simplifier une interface pour améliorer son ergonomie. La méthode heuristique est une approche de résolution de problème qui utilise une méthode pratique, qui ne se veut pas parfaite, mais suffisante pour atteindre rapidement un objectif. Cette méthode a plus de 30 ans, mais reste tout à fait applicable à nos interfaces actuelles.

  1. Visibilité du statut du système

Le système doit proposer un retour à l’utilisateur suite à une action, pour le tenir informé de l’état de la requête, dans un délai raisonnable. Cette visibilité permet à l’utilisateur de comprendre ce qu’il se passe et lui permet de prendre les bonnes décisions en fonction de la réponse du système.

Un bon exemple pour illustrer ce premier point, est le fonctionnement des ascenseurs : en général quand on appelle l'ascenseur en appuyant sur un bouton, on voit dans un premier temps un signal lumineux qui indique que le système a bien pris en compte la demande. Si le système est vraiment bien fait, il nous permet également de connaître l’étage auquel l'ascenseur est actuellement ce qui nous permet d’évaluer le temps d’attente.

  1. Correspondance entre le système et le monde réel

Le vocabulaire du système doit correspondre à la réalité de l'utilisateur : ils doivent parler le même langage et partager des concepts familiers. Le vocabulaire utilisé doit être simple et direct et les fonctionnalités doivent suivre les conventions du monde réel.

Il existe des conventions de navigation sur le web que les utilisateurs sont habitués à suivre, et qui lui permettent de se sentir à l’aise et de mieux prendre en main l’interface.

  1. Contrôle et liberté de l'utilisateur

L’utilisateur doit se sentir en contrôle de ses actions. Il faut dans l’idéal lui permettre de choisir d’annuler ses actions, de revenir à l’étape précédente, et si le processus à suivre est vraiment compliqué, lui permettre de sauvegarder en l’état et d’y revenir plus tard.

Si on intègre le point précédent dans l’idée de reproduire des comportements connus, de bonnes pratiques seraient l’utilisation de la touche “Echap” pour mettre fin à une action, ou l’affichage d’un fil d’ariane.

  1. Cohérence et normes

Le système doit respecter des standards d’organisation et de design afin d’être cohérent.


Les standards du web sont à suivre pour améliorer l’usabilité de vos interfaces. Un lien doit pouvoir s’ouvrir dans un nouvel onglet en appuyant sur “ctrl” et en cliquant dessus. Cliquer sur le logo du site ramène vers la page d’accueil. En intégrant ces normes dans les sites, nous créons une cohérence et rassurons nos utilisateurs.

  1. Prévention des erreurs

De bons messages d'erreur sont importants, mais une meilleure conception permet d'éviter que l'erreur ne se produise.

Voici quelques exemples de techniques de prévention d’erreurs :

  • afficher clairement les champs obligatoires
  • indiquer dès le début les règles à respecter pour la création d’un mot de passe
  • demander confirmation avant d’exécuter une action destructive
  • utiliser correctement les données par défaut (date d’aujourd’hui dans un calendrier si c’est pertinent, bloquer la possibilité de choisir une date dans le passé si ça n’a pas de sens)
  • utiliser des fils d’arianes pour permettre à l’utilisateur de se repérer
  1. Reconnaître plutôt que se rappeler

Le cerveau humain comporte deux hémisphères. L’hémisphère droit du cerveau permet de résoudre les problèmes le plus vite possible, en faisant appel à notre instinct. C’est cette partie là qui va nous dire de cliquer instinctivement sur un bouton ou non. L’hémisphère gauche du cerveau porte la logique et la rigueur de nos réactions. Si quelque chose face à nous n’est pas familier, c’est cette partie du cerveau qui va nous faire hésiter à interagir.

Il faut donc éviter au maximum de faire travailler la mémoire de l'utilisateur en rendant les éléments, les actions et les options visibles au premier coup d'œil. L'utilisateur ne doit pas avoir à mémoriser des informations d'une partie à l'autre de l'interface. Les informations nécessaires à l'utilisation de l’interface doivent être visibles ou facilement repérables.

  1. Flexibilité et efficacité d’usage

Les raccourcis (cachés aux utilisateurs novices) peuvent accélérer les interactions pour l'utilisateur expert. Lors de la conception il faut donc réfléchir à la fois aux interactions des utilisateurs inexpérimentés et à celles des utilisateurs expérimentés. Ceci pourra permettre à l’utilisateur de configurer et paramétrer au maximum l’interface pour qu’elle s’adapte à ses besoins.

Quelques exemples :

  • utiliser au maximum les raccourcis clavier
  • offrir de la customisation (mode nuit, choix de notifications…)
  1. Conception esthétique et minimaliste

L'interface ne doit pas contenir d'informations peu pertinentes ou rarement nécessaires. Chaque bloc d'information supplémentaire dans une interface entre en conflit avec les blocs d'information pertinents et diminue leur impact.

Pour permettre à l’utilisateur de se concentrer sur sa tâche principale, il ne faut lui afficher que le minimum d’information pertinente, et réduire les distractions (éléments décoratifs, arrière-plan) en proposant une interface claire et structurée.

  1. Aider les utilisateurs à reconnaître, diagnostiquer et corriger les erreurs

Les messages d'erreur doivent être exprimés dans un langage compréhensible (pas de codes d'erreur), et doivent indiquer précisément le problème et comment le résoudre.

  1. Aide et documentation

Il est préférable que l’interface ne nécessite aucune explication supplémentaire. Cependant, il peut être nécessaire de fournir de la documentation pour aider les utilisateurs à comprendre comment accomplir leurs tâches.

Voici quelques tips pour aider les utilisateurs qui auraient des questions :

  • Icône “info” avec tooltip explicative
  • page FAQ
  • pour les processus plus complexes proposer des tutoriels

Conclusion

Ces 10 heuristiques ont été écrites en 1994 par Jakob Nielsen. En 2025, 30 ans après, avec le boom des normes d’accessibilités et la mise en place d’obligations légales, il est difficile de ne pas faire le parallèle entre ces deux sujets. Une interface accessible est avant tout une interface simple et efficace qui demande le moins d’effort possible à l'utilisateur pour réaliser sa tâche.

Un petit retour aux basiques ne fait de mal à personne, et nous avons pu identifier en équipe de nombreuses améliorations d’interface à mettre en place dans les produits que nous développons pour OCTO Technology.