Pour illustrer le fonctionnement d’un dataspace, les intervenants comparent son architecture à celle du transport aérien. Chaque pays garde la souveraineté sur son espace aérien, et un avion ne peut pas le traverser sans autorisation. De la même manière, un dataspace met en place des règles et des contrôles permettant d’assurer que seules les entités autorisées peuvent accéder à certaines informations.
Dans cette architecture, deux couches sont distinctes :
Un cas d’usage opérationnel des dataspaces a été mis en place lors des Jeux Olympiques de Paris. Face à l’afflux massif de voyageurs arrivant du monde entier, il était crucial d’optimiser l’organisation des flux aéroportuaires. Un hub virtuel de données a ainsi été créé pour synchroniser les informations provenant des compagnies aériennes, des services de transport et des autorités.
Grâce à cet espace de données, il était possible d’anticiper l’arrivée des délégations, de fluidifier leur passage en douane et d’optimiser leur transfert vers les sites olympiques. Bien que ce projet ait été temporaire, il démontre le potentiel des espaces de données pour résoudre des problématiques logistiques complexes.
La mise en œuvre des dataspaces soulève plusieurs défis, notamment en matière de gouvernance et d’adoption. L’un des principaux obstacles est l’adhésion des acteurs, notamment les entreprises privées qui restent encore en phase d’observation. Certaines entreprises adoptent une approche prudente, évaluant l’intérêt de la démarche avant d’investir massivement.
Un autre enjeu majeur est le rôle des grands fournisseurs de cloud public (Azure, GCP, AWS). Ces acteurs ont bien compris l’importance des espaces de données et cherchent à y intégrer leurs infrastructures et services. Le risque est que les dataspaces, bien que conçus comme des plateformes ouvertes et souveraines, finissent par être hébergés sur les solutions des hyperscalers, compromettant ainsi leur indépendance.
D’un point de vue technique, implémenter un espace de données est complexe. Si certaines entreprises ont choisi d’héberger leur propre connecteur, d’autres préfèrent déléguer cette tâche à des acteurs spécialisés comme Amadeus, qui propose un service de connecteurs mutualisés.
Les dataspaces sont encore émergents, mais la Commission européenne est en avance sur ce sujet par rapport aux autres régions du monde. Cependant, l’adoption massive reste un défi, notamment en raison des difficultés à aligner les acteurs publics et privés autour d’un modèle économique viable.
L’enjeu principal repose sur la création de cas d’usage concrets pour démontrer la valeur des dataspaces.
Enfin, ces dataspaces s’inscrivent dans une démarche réglementaire plus large portée par l’Europe. Ce cadre législatif sera déterminant pour structurer et accélérer l’adoption des dataspaces à grande échelle.