Choisir le bon framework, la bonne librairie JavaScript : un guide pratique pour chaque type de projet
Choisir un framework JavaScript, c’est un peu comme choisir une pizza : tout le monde a un avis, mais au final, c’est toi qui vas devoir digérer. Oui je reviens encore avec des pizzas, à croire que c’est mon fruit préféré 😁 !
React, Vue, Angular, Svelte, Remix, Next.js… Tous promettent monts et merveilles, mais tous ne conviennent pas à tous les projets. Et non, ce n’est pas juste une question de tendance sur X.
Le bon choix dépend :
- Du type de projet (landing page ou usine à gaz ?)
- Des compétences de l’équipe (junior ou ninja fullstack ?)
- Des performances attendues
- De la sécurité requise
- De la facilité à styliser l’UI (CSS ou tailwind-ophobie ?)
- De la facilité à intégrer l’accessibilité
- Et bien sûr : avec ou sans backend ?
Ce guide t’évitera le facepalm du framework mal choisi. À la place : des tableaux clairs, des exemples concrets et une bonne dose de bon sens pour vous accompagner dans le choix du framework adéquat et adapté à vos besoins.
Tableau comparatif global
Tu veux un framework rapide, léger, SEO-friendly, ultra sécurisé, fullstack, facile à apprendre et avec une doc magique ? Désolé, ça n’existe pas. 😅. Mais bonne nouvelle : chaque framework a ses qualités (et ses casseroles). Ce tableau est là pour t’éviter de choisir à pile ou face. Que tu sois team “tout dans un seul fichier” ou team “architecture en 42 dossiers”, tu trouveras forcément chaussure à ton code.
Comparatif d’implémentation : Exemple "Fetch de data côté serveur"
Afficher une liste d’utilisateurs depuis une API, c’est un classique. Mais selon le framework, ça peut ressembler à une promenade de santé… ou à un trek avec un sac de 20 kg.
Voici donc un exemple simple de récupération de données côté serveur, écrit dans chaque techno, pour comparer syntaxe, lisibilité, et logique de séparation front/back.
React (CSR uniquement)
CSR : Client-Side Rendering, c’est-à-dire que l’application est entièrement rendue dans le navigateur, après le chargement du JavaScript.
React, en natif, ne fait pas de rendu serveur. Il faut donc attendre que le JavaScript soit chargé pour exécuter le fetch et afficher les données. Voici un exemple classique avec un hook useEffect :
Next.js (SSR avec getServerSideProps)
SSR : Server-Side Rendering, c’est-à-dire que le HTML est généré côté serveur à chaque requête, puis envoyé au navigateur.
Avec Next.js, on récupère les données avant que la page ne soit affichée à l’utilisateur. Le rendu est donc prêt à l’affichage, optimisé pour le SEO et la rapidité de chargement perçue. Voici un exemple avec getServerSideProps :
Angular (HttpClient)
Angular utilise un rendu client, mais fournit un service * HttpClient très structuré pour interagir avec des APIs. Le code de récupération se fait souvent dans le lifecycle * ngOnInit.
Angular ne propose pas de SSR natif hors de sa solution Angular Universal. Par défaut, les appels API sont donc faits côté client après le chargement de l’application. En revanche, il fournit un service HTTP typé, injectable et réutilisable, qui rend le code très structuré :
Vue.js (SSR avec Nuxt par exemple)
Nuxt est un framework basé sur Vue.js qui ajoute le SSR .
Par défaut, Vue.js fonctionne en client-side rendering, mais avec Nuxt, on peut facilement passer en SSR ou SSG. L’un des avantages majeurs : les données sont préchargées côté serveur, ce qui améliore le SEO et le temps de rendu initial. Voici un exemple avec la méthode asyncData dans une page Nuxt :
Svelte (avec SvelteKit – load**)**
SvelteKit permet le SSR ou le SSG (Static Site Generation). La fonction load est exécutée côté serveur ou côté client selon le contexte.
Avec SvelteKit, on peut récupérer les données dans une fonction load() directement liée à la page. Cette fonction peut s’exécuter côté serveur avant le rendu, ou côté client en navigation interne. L’approche est fluide, et très proche de la structure du fichier. Voici un exemple dans un fichier +page.js :
Remix (Loader)
Remix est basé sur SSR par défaut, avec une approche “data-driven” : les données sont chargées côté serveur via une fonction loader*, avant le rendu du composant.*
Dans Remix, on ne fait pas de fetch() dans un useEffect. On déclare une fonction loader() qui s’exécute côté serveur, récupère les données, et les transmet au composant via un hook. L’avantage est qu’il n’y a pas de double rendu client/serveur. Remix sépare très bien données côté serveur et affichage côté client, avec une API claire et typée.
Voici un exemple dans app/routes/users.tsx :
Analyse de la sécurité point par point
La sécurité, c’est comme les tests : tout le monde dit que c’est important, mais on s’y intéresse vraiment après avoir pris une attaque XSS (Cross-Site Scripting : un script malveillant injecté dans ton interface) en prod un vendredi soir.
Spoiler : tous les frameworks ne t’aident pas à rester en paix avec l’OWASP Top 10 (le classement des 10 failles de sécurité web les plus courantes).
Certains te tiennent la main, d’autres te laissent seul face à ton fetch() sans token et ta route exposée. Voici donc un petit tour d’horizon de ce que chaque framework propose (ou ne propose pas) pour t’éviter les sueurs froides.
Remarque complémentaire
Parmi tous les frameworks comparés, Remix et Next.js sont ceux qui proposent le plus de mécanismes de sécurité intégrés “out-of-the-box”.
Concrètement, cela signifie qu’ils te permettent de sécuriser les routes API et les formulaires sans devoir tout coder toi-même.
- Remix, par exemple, gère automatiquement la prévention des attaques CSRF (Cross-Site Request Forgery, une attaque où un utilisateur est piégé pour exécuter une requête non souhaitée depuis une autre origine) grâce à sa gestion des loaders et actions côté serveur.
- Next.js, de son côté, permet l’utilisation de middleware, et la configuration fine de headers de sécurité (CORS, CSP, etc.) dès la configuration du serveur.
De son côté, Angular se distingue par une approche très rigoureuse côté DOM : il applique par défaut une sanitization automatique de toutes les données affichées, ce qui limite considérablement les risques d’injection de scripts malveillants (XSS).
Autrement dit : si la sécurité est un critère fort dans ton projet, ces frameworks ont une longueur d’avance, chacun à leur manière.
Gestion du style / CSS / Design Systems
Bon, afficher une liste d’utilisateurs c’est bien. Mais sans un minimum de style, on dirait un site des années 90… Voici comment chaque framework s’y prend pour te laisser habiller ta page on va partir de cette même page “user” qu’on a trouvé avec un minimum d’effort (ou pas).
À retenir : tous les frameworks permettent d’appliquer du style facilement, mais certains favorisent l’isolation (Angular, Vue, Svelte), d’autres te laissent plus de liberté (React, Remix). Tailwind s’intègre pratiquement partout aujourd'hui.
Point d’attention : Styled-components est officiellement passé en mode maintenance début 2024 : plus de nouvelles fonctionnalités, uniquement des correctifs de sécurité et bugs critiques. Cela signifie que la bibliothèque ne sera plus activement développée, même si elle reste utilisable.
À souligner
- Styled‑components devient obsolète, la tendance étant à des solutions plus performantes comme Tailwind ou CSS Modules.
- Les alternatives modernes (Linaria, Vanilla‑extract, Stitches…) privilégient le zéro runtime, générant le CSS à la compilation pour améliorer la performance.
En pratique
- Si tu démarres un nouveau projet : mieux vaut éviter styled‑components et préférer des solutions plus performantes.
- Si tu as une base existante : tu peux continuer à l’utiliser, mais pense à migrer progressivement vers une alternative (CSS Modules, Tailwind, etc.).
Alternatives recommandées
- Tailwind CSS : léger, utilitaire, populaire, zéro runtime.
- CSS Modules : CSS scoped classique, fiable et simple.
- Linaria / Vanilla‑extract / Stitches : CSS-in-JS à compilation, combinent ergonomie et perfomance.
Styled‑components fonctionne encore mais ne reçoit plus de mises à jour majeures. Pour assurer la performance et l’avenir de ton projet, mieux vaut adopter une solution CSS plus moderne.
Gestion du routing par framework
Le routing, c’est un peu la colonne vertébrale de ton appli. C’est lui qui dit à ton interface où aller, comment, et avec quelles données.
Mais selon le framework, ça peut être aussi simple qu’un nom de fichier… ou aussi verbeux qu’un contrat d’assurance.
Certains frameworks te laissent définir tes routes dans des fichiers à la volée (file-based routing), d’autres exigent une déclaration explicite dans un tableau géant.
Et si tu veux des routes dynamiques, imbriquées, protégées par des guards, ou stylées comme des layouts imbriqués… ce n’est pas tout le monde qui te facilite la tâche.
Voici un comparatif clair pour comprendre qui gère les routes comment, et avec quel niveau de confort ou de maux de tête.

Exemple : Déclaration d'une route dynamique /users/:id
Testing par framework (unit, integration, e2e)
Les tests, tout le monde en parle… mais qui les écrit vraiment ? 😅
Entre les tests unitaires ("ma fonction retourne bien 42"), les tests d’intégration ("mon composant parle bien à l’API") et les tests E2E ("le bouton fonctionne quand on clique vraiment dessus"), chaque framework a son degré d’amour pour le sujet.
Certains t’offrent une expérience fluide et moderne avec Vitest ou Testing Library, d’autres te laissent avec des outils qui semblent avoir été conçus à l’époque d’Internet Explorer 6.
Et puis il y a ceux qui te donnent un super setup de test… mais juste après t’avoir fait configurer 12 fichiers de conf.
Voici donc un tour d’horizon : qui aime les tests, qui les tolère, et qui te laisse faire ta vie (à tes risques et périls).
Exemple de test unitaire : Vérification que la liste des utilisateurs s’affiche
React (Testing Library**)**
Next.js (même approche que React, mais attention aux API routes à mocker)
Next.js te permet de tester tes composants comme en React pur, mais dès qu’il y a une API route (/pages/api/), il faut mocker le fetch() ou tester cette API séparément (en test d’intégration ou avec un handler isolé).
Angular (Jasmine)
Vue (Vue Test Utils + Vitest)
Svelte
Remix (testing loader + component rendering)
Accessibilité (a11y) par framework
L’accessibilité, c’est un peu comme le sel dans un plat : si tu l’oublies, ça passe… mais c’est fade et parfois indigeste.
Un site accessible, c’est un site que tout le monde peut utiliser, y compris avec un lecteur d’écran, un clavier ou une navigation alternative. Et a11y (abréviation de “accessibility” avec 11 lettres entre le a et le y) est bien plus qu’un mot à la mode : c’est une obligation légale dans certains pays et une marque de respect pour les utilisateurs.
Problème : tous les frameworks ne jouent pas dans la même cour. Certains t’offrent des composants déjà pensés pour l’accessibilité (merci Angular Material), d’autres te laissent bricoler avec des attributs ARIA en priant que tout marche.
Voici donc qui te facilite la vie et qui te laisse gérer la jungle des bonnes pratiques tout seul.
Conclusion
Au terme de ce comparatif, il apparaît clairement qu’il n’existe pas de framework JavaScript “parfait” ou universel. Chaque solution a ses forces, ses faiblesses, ses cas d’usage préférentiels et parfois ses caprices.
Le choix ne devrait donc jamais reposer sur la mode du moment, ni sur ce qui “semble bien marcher chez les autres”, mais sur une analyse objective des besoins :
- Quelle est la nature du projet ?
- Quelles sont les compétences disponibles dans l’équipe ?
- Quel niveau de performance, de sécurité ou de maintenabilité est attendu ?
- Y a-t-il besoin d’un rendu serveur (SSR), d’un backend intégré, d’un design system, d’un support multilingue… ?
Certaines options privilégieront la souplesse (comme React), d’autres la structure (comme Angular), la performance (Svelte), ou la simplicité fullstack (Remix, Next.js, etc.).
Il n’est donc pas question de choisir “le meilleur” framework, mais plutôt le mieux adapté à un contexte donné.
En résumé : il vaut mieux un bon framework bien maîtrisé qu’un excellent framework mal utilisé.
Et si l’analyse reste difficile malgré tout, un ’arbre de décision (ou une pause café bien méritée) pourra parfois aider à y voir plus clair, sans pour autant promettre de rendre le CSS plus sympa à écrire.