Blockchain : Zoom sur les particularités de Corda

le 20/12/2018 par Joy Boswell
Tags: Software Engineering

Depuis quelques semaines, notre tribu dédiée à la blockchain est certifiée 1er organisme de formation Corda en France par R3 renforçant ainsi (si besoin était) sa présence en tant qu’experte dans le domaine.

Mais quelles sont exactement les spécificités de Corda et pourquoi avoir voulu se spécialiser dans ce protocole ? Nous avons demandé à Loup et Aymeric de la tribu Bloc.

Voir le communiqué de presse.

Corda, en quelques mots ?

C'est un protocole d'échange d’informations, fondé par R3 et notamment une des personnes qui a travaillé sur un portefeuille bitcoin en 2014. A la base, c’est un registre distribué pour la finance. Tout a commencé par un consortium entre une centaine de banques et institutions financières pour recueillir les besoins et chercher des cas d'usage. Corda permettait en premier lieu de s'envoyer de la valeur : actions, argent, produits financiers, dans le secteur de la banque, qui marche beaucoup par réconciliation.

Mais rapidement les cas d'usage ont dépassé celui de la banque : supply chain, santé, énergie, cadastre, gouvernements, etc.

Quelles sont les particularités de ce ledger ?

Loup Theron

L'approche Corda est assez différente de celle d'une blockchain de consortium comme Hyperledger Fabric, Ethereum ou Quorum, où l’information est partagée avec tout le monde par défaut. En effet avec la plateforme Corda, l'information n'est pas visible par tous, mais envoyée de point à point. Ce qui permet de gérer des flows interentreprises.

Corda, comme les différentes blockchain de consortium, n'implique aucun incentive contrairement aux blockchains publiques comme BTC ou ETH – et donc aucun échange de cryptomonnaie, aucun système monétaire décentralisé.

La transparence n'est pas totale comme dans une blockchain classique. Corda, c'est plutôt une sorte de messagerie sécurisée, pour faire (très très) simple.

Peut-on encore parler de blockchain alors ?

Oui car le but reste le même : éliminer les intermédiaires et avoir un système trustless, où personne n'a besoin de se faire confiance puisque la donnée est signée et sécurisée de cette manière. On peut affirmer que la donnée est consistante entre tous les acteurs ; fini les silos de données périmées. Tout est automatisé dans l'échange d'information et ceux-ci sont traçables.

Mais ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de gouvernance ! Ici comme dans toute blockchain, les acteurs doivent se mettre d'accord au préalable sur les standards d'échanges et des protocoles. C'est probablement ce qu'il y a de plus compliqué d'ailleurs !... Bon avec le déploiement de la blockchain en elle-même certes ;-)

Pourquoi avoir choisi de vous spécialiser dans le protocole Corda ?

Aymeric Bethencourt

Nous croyons réellement que la blockchain va révolutionner le monde. Mais nous sommes assez agnostiques sur les différents protocoles. Nous voulons choisir celui qui s'adaptera le mieux en fonction des cas d'usage de nos clients.

Une récente mission nécessitait de pouvoir dissimuler certaines infos pour des raisons de confidentialité. L'approche Corda faisait sens dans ce cas d'usage – et dans de nombreux autres d'ailleurs. C'est ça qui compte : "faire sens". Si un projet demande un partage entre tous les acteurs, nous y mettrons de l'Ethereum ou du Fabric. Mais pour savoir bien conseiller, encore faut-il les maîtriser.... C’est ce que nous faisons avec cette certification.

Corda est aussi un framework large. R3 n’a pas une position exclusive sur le système financier. On peut implémenter n'importe quoi dessus, et donc l'appliquer à des domaines qui nous tiennent particulièrement à coeur.

Lesquels par exemple ?

Deux choses nous inspirent particulièrement dans la tribu :

- les blockchains publiques : on y trouve des cas d'usages supers, comme les smart grid, l'échange d'énergie, les micro-prêts, le travail collaboratif... en bref, tout ce qui est axé sur les particuliers.

- tout ce qui relève de l’entreprise mais qui a trait au secteur public – là où Corda peut intervenir : santé, énergie, service public, etc.

C'est pour ces cas d'usage là que nous avons rejoint la blockchain, parce que nous pensons qu'elle peut réellement changer le monde, en améliorant la collaboration et la transparence. Pour les aspects tracking, supply chain, distribution des biens, tokenisation des assets financiers mais aussi physiques...  Nous voulons faire partie de cette révolution.