Quelles interfaces pour les voitures de demain ? (1/3)

le 25/10/2012 par Philippe Prados
Tags: Software Engineering

Le nombre de voitures connectées devrait passer de 45 millions en 2011, soit 5 % du parc automobile mondial, à 210 millions en 2016 (18 % du parc). Sur cette période, ce marché passerait de 15 milliards de dollars à 40 milliards.

C’est un marché émergent à prendre en compte dès à présent, en anticipant sur les contraintes spécifiques à ces environnements.

Dans cette série d’articles, nous allons parcourir les différentes facettes des applications embarquées dans les véhicules. Nous commencerons par un état de l’art des différentes approches du moment, puis nous regarderons les impacts ergonomiques avant de finir par les impacts techniques pour les développeurs.

Les Approches actuelles

Le mondial de l’automobile 2012 démontre que de plus en plus de constructeurs souhaitent proposer des interfaces riches et connectées à leurs nouveaux modèles. Comment proposer Internet dans les véhicules ? Certaines approches consistent à simplement rapprocher les smartphones du véhicule (merci à Apple de modifier son connecteur), d’autres intègrent un écosystème propriétaire proche des mobiles ou des tablettes. Ils proposent des places de marchées privées pour installer des applications spécifiquement adaptées aux véhicules.

Les architectures sont très diverses et proposent alors plus ou moins de spécificités pour les ergonomes, les concepteurs et les développeurs.

L’écran peut être intégré dans le véhicule par le constructeur lors de l’achat (Renault R-Link, BMW Connected Drive, Fiat Blue & Me, KIA Uvo, …), constituer une option au terminal GPS déjà présent (Peugeot connect apps), ou être ajouté après l’achat par le propriétaire (Parrot Asteroid, Pioneer AppRadio, …).

Le smartphone du conducteur peut être indispensable à l’exploitation de l’écran embarqué ou servir simplement de source de données (musique, téléphone, réseau) via une connexion Bluetooth (Ford Sync).

Certains constructeurs d’autoradios proposent de déporter l’écran du téléphone (iPhone ou Android via la connexion HDMI) et simulent les actions de l’utilisateur sur un écran tactile via une connexion Bluetooth. Il ne s’agit alors que d’un déport d’écran. Seules certaines applications du smartphone iOS ou Android sont compatibles avec ce mode.

Ces technologies embarquées sont pertinentes lorsqu’elles apportent une réelle plus-value à l’exploitation d’un simple smartphone. Pour cela, il est préférable d’utiliser les approches connectées au « bus » du véhicule. Cela permet d’exploiter toutes les informations en temps réel comme la vitesse, l’angle des roues, l’état de fermeture des portes, la jauge d’essence ou le niveau de charge d’une batterie.

Il est alors possible d’envisager des applications innovantes qu’un smartphone ne peut proposer. Il est probable que dans quelques années, certaines informations du flux du bus du véhicule seront accessibles en Bluetooth, en WIFI direct ou en USB, permettant une exploitation de ces données par un smartphone ou une tablette familiale. Ce flux est très conséquent, car énormément d’informations transitent pendant l’exploitation du véhicule.

À notre sens, les applications ayant de la valeur sont celles capables d’analyser le comportement du conducteur, pour anticiper ses demandes : savoir qu’un rendez-vous est prévu pour proposer directement la navigation correspondante ; savoir vous rappeler le terminal d’atterrissage d’un vol, lorsque vous vous rendez à l’aéroport ; vous rappeler d’acheter des fleurs et vous proposer un itinéraire avant une visite ou un anniversaire ; prévenir votre correspondant de votre retard et de l’heure prévue d’arrivée.

Les applications exploitants les informations des conducteurs, liées à des requêtes Big Data seront les plus intéressantes.

Conclusion

Nous constatons que les constructeurs se cherchent actuellement. Il n’y a pas d’approche unifiée. Les solutions proposées sont très différentes les unes des autres. Elles visent pourtant à répondre initialement à un besoin simple : proposer Internet dans le véhicule. Certains sont plus ambitieux et souhaites proposer des nouveaux services.

Le véhicule est une des facettes de l’Internet des objets. Il présente l’avantage d’être toujours électriquement connecté.

Au vu de la très forte volatilité des technologies mobiles, nous pensons que la maintenance à moyen et long terme sera très difficile pour les constructeurs. Chaque millésime proposera une version ou une approche différente, afin de répondre aux demandes du marché.

Dans le prochain volet, nous traiterons d’ergonomie spécifique à ces applications.

Philippe PRADOS