Coaching ou Art de la manipulation ?

le 22/05/2011 par Marc Cherfi
Tags: Product & Design

C'est une question que Pierre Pezziardi a posé et étayé il y a de cela quelques semaines (par ici). Provocatrice mais néanmoins très pertinente, elle est au coeur d'un sujet bien plus vaste que le microcosme du coaching. Voici mon point de vue sur le sujet.

Coaching ET art de la manipulation... bienveillante.

Tout acte de communication entre deux personnes peux être observé selon deux perspectives : le message et la relation. La manipulation est consubstantielle à la communication entre deux individus. Manipuler c'est tenter (et réussir parfois) de prendre le dessus sur la relation. C'est prendre une position haute alors que l'autre prend une position basse. C'est mener la danse, pour un temps et dans un contexte donné. Paul Watzlawick a dit : "on ne peut pas ne pas communiquer", la manipulation est donc partout et de tout temps. Elle existait avant, pendant et existera après les coachs. Si problème il y a, il n'est donc tant pas celui de la manipulation que celui de l'usage malveillant que l'on en fait, parfois. Et là, coachs, managers, collègues ou parents sont à priori logés à la même enseigne : n'est-ce pas ?

Plus important, me semble-t-il, est le sujet indirectement soulevé : celui de la souplesse des relations. Je crois que l'entreprise mais avant elle l'école et le contexte familial offrent aux individus des contextes d'apprentissages. Au travers de ces contextes et dans le temps nous rigidifions nos manières de nous comporter dans les situations, face aux événements et dans nos relations. C'est une manière d'économiser l'utilisation de notre esprit (à prendre au sens large) et ainsi gagner en vitesse de réaction : un principe écologique de notre fonctionnement. Mais le prix à payer de cette écologie ce sont ces danses relationnelles de type domination/soumission, exhibitionnisme/voyeurisme, escalade de violence etc... qui se voient répétées de manière quasi-automatique. Sans mauvaise intention ou calcul machiavélique nous répétons ces "patterns" de comportement. Même s'ils sont la cause de nos problèmes et que l'on en souffre. Plus ça change plus c'est la même chose. L'enjeu c'est donc aussi de retrouver le niveau de souplesse suffisant pour détecter puis ne plus rester enfermé dans les schémas relationnels qui nous pourrissent la vie à la maison, dans le métro ou au bureau.

Si les coachs n'ont pas le monopole de la manipulation, ils n'ont pas non plus le monopole pour prodiguer l'entraînement nécessaire au retour de cette souplesse dans nos modes de communication. Il nous appartient à tous, pour nous mêmes et pour nos proches, à la maison comme au travail de favoriser un nouvel équilibre des relations. Je crois que c'est un sujet de civilisation. Pour l'entreprise, il s'agit d'une opportunité formidable : celle de devenir une véritable entreprise relationnelle, pas celle des réseaux sociaux mais plutôt celle de l'apprentissage continue des relations, des perceptions, de la vision partagée et de l'intelligence collective : "l'entreprise 3.0".

Alors tout cela vaut bien un peu de manipulation...

D'autres histoires à venir sur le changement...